dimanche 7 novembre 2010

Just say you never met me.






















Like memories of porno and tear stains
And tobacco, O... it's a mini disastro.


Cocorosie - Animals





Se rendre compte que l'on a passé des années à se poser des questions alors que la réponse était juste là, c'est très cliché. Ce qui n'enlève bien sûr en rien cette putain de haine, au noyau exclusivement constitué de regrets.

En ce moment, j'essaie de faire un top 3 des plus grosses conneries de ma vie.

A la troisième place, je demande l'ULB. L'enseignement universitaire a été à mon bonheur ce que la veillée funèbre est à celui du dépressif. Avant cela, je ne tenais certes pas très bien sur mes pattes, mais j'arrivais à garder le museau plus ou moins digne, à me trouver deux-trois qualités en passant, rien de bien méchant. Aujourd'hui, je suis une ombre, envie qui me taraudait depuis bien longtemps mais à laquelle je m'appliquais à résister. Une ombre qui rêve pathétiquement de pouvoir devenir un jour transparente, de se fondre au reste, d'en épouser toutes les anfractuosités et circonvolutions. En un mot: faire mieux que le caméléon BASF. Pas longtemps hein, juste le temps que ça passe, de ne plus rentrer le soir en ayant la mâchoire qui tombe, les paupières qui s'épaississent et les mains qui tremblent parce que les larmes refusent de jaillir. Ca prendra en gros quatre-cinq mois, il faudra bien tenir. La différence est qu'avant l'ULB, je ne ressentais pas tant le besoin de me prouver que non, je ne suis pas si inutile et vide.

A la seconde place, il y a le commencement de cette envie d'ombre. Le besoin de s'écraser avant que quelqu'un d'autre ne le fasse, histoire de sauver quelques miettes de ce qui ressemblait à de l'estime. Mais ça n'a pas marché. Je suis rentrée de Bretagne sans miettes, persuadée d'être la plus affreuse personne qui soit, au propre comme au figuré, sinon c'eût été trop léger à porter par la suite. Combien de mots blessants et d'humiliations, combien de regards baissés, de larmes inutiles. Adolescence, j'écris ton nom avec des nic-nac, que chacun piétinera du talon, sans jeter un regard par-dessus son épaule. Là où le bât blesse, c'est que j'y ai laissé des plumes. Une en particulier: celle dédiée au dessin. Je la cherche toujours, un peu timidement, mais elle devrait ressurgir si quelqu'un m'aide à la poursuivre.

Le winner des winners. Tant de regrets posés dans le sac-à-dos de la vie d'une seule et même personne, ce serait presque honteux. Ca l'est en fait. Ce coup-ci, j'ai compris bien des choses, à mon corps défendant principalement. Tout ce qui brille n'est pas d'or, tout ce qui semble rose ne l'est pas forcément, mais tout ce qui semble être de la merde est rarement un volume de la Pléiade. Ce théorème a l'air simple, mais une fois un peu éméché par la vie quotidienne, on mélange tout. Ce qui peut donner lieu a des situations affreusement cocasses.


Là j'ai mal à en avoir envie de détruire quelque chose de beau. De casser la gueule à Ludwig (en partie pour sa Sonate au clair de lune, bien sûr). D'arracher tous les parapluies des tableaux de Magritte. Juste histoire que le regret imaginaire remplace la douleur bien réelle l'espace de quelques secondes. Parfois ça marche. Quand ça ne marche pas, il y a toujours inspirer en inclinant bien la tête, avoir les yeux humides au retour à la normale et clore les paupières le plus longtemps possible pour mieux entendre la musique.

Bref, les erreurs je vois ça comme des petits post-it à coller un peu partout dans le cahier Atoma défoncé qu'est la vie. Hop, un petit papier jaune avec "Ne plus!", "Dernière chance" ou "Plutôt crever", et on s'en sort nettement mieux. Le tout étant de ne pas perdre ces petites choses si éphémères et encore moins de les oublier, comme tant de gens ont tendance à le faire ...