dimanche 29 août 2010

And be a simple kind of man.


















But it was not your fault but mine and it was your heart on the line
I really fucked it up this time... Didn't I my dear
?

Mumford & Sons - Little Lion Man





10 ans.

Encore, mais pas la même chose.
Je suis tellement dégoûtée de l'écriture que je me demande si ce texte va pour une fois ressembler à quelque chose...à quoi? Hmm.
C'est juste une dose de quelque chose qui court le long de mes veines et qui m'agrippe un peu trop fort par la nuque. Ça arrive. Mais ça dégoûte. Alors du coup mes mots s'agglutinent, ne daignent plus reprendre le cours normal de leur vie, et je me retrouve avec un stock d'images sur lesquelles il m'est impossible de poser la moindre lettre. Et les formes, les sensations restent en l'air, dans le vague, attendant de pouvoir être bien sagement empaquetées dans des mots, clairs, définis, obéissants à une syntaxe émise par une académie pas trop tarte. Alors je revois flotter le passé qui s'emmêle telle de la laine laissée à l'abandon.

Je vais essayer d'y mettre un pré-ordre.

La main dans ma gueule offerte avec sa dose d'incompréhension, le sourire mauvais avec un accent de "je le savais" quand mes points étaient trop dégueulasses, les regards en coin qui disent "c'est juste elle", des cris, ou plutôt des sons assez gutturaux et surtout assez inutiles et injustement expulsés, des menaces. Pas mal de menaces, mais bon en même temps pas vraiment. Faut regarder par terre pour que ça passe, c'est bien connu. Puis c'est passé, alors il faut bien sûr entamer un nouveau stade: les gens, plein de gens. Des noms à retenir, des parcours à refaire mentalement pour ne pas risquer de s'emberlificoter, des déceptions, oui. Mais pas trop, face aux rigolades, aux foirages, aux détresses communes, aux jours où le réveil est resté avec les bouteilles sur la table, sur laquelle il y a des numéros que personne ne rappellera, au jour où il a fallu tout arrêter, au moment où plus rien n'a compté parce que c'est comme si tout avait été déjà joué. Et en fait, on a encore joué, enfin c'est ce que je pensais, sa main enfoncée dans le matelas, alors que pour moi tout était déjà tombé bien plus bas, les violettes réservées à un congé maladie surprise, les fêtes avec trop de gens complices l'espace d'une cuite, les shakers rigolent en se cognant, l'appart se vide de tant de personnes, il ne reste plus que la sangria par terre et les cendriers pleins, l'atmosphère poisseuse d'une soirée où dieu merci il aurait dû se passer autre chose, des jours et des nuits interminables, puis un hublot. Ensuite l'océan et l'envie de pleurer parce que putain on est enfin dehors pour de vrai, complètement intouchables, si ça s'écrasait, ça resterait gracieux, c'est ça qui doit être pire en fait mais on ne va même pas y penser. Des guirlandes de phrases en anglais, avec un accent improbable, qui s'enroulent doucement autour de mon cou, pas comme un boa constrictor mais plutôt comme du cachemire, c'est mieux le cachemire, et ça fait tinter les oreilles, délicatement, presque docilement, ma mère me parle et elle ne pleure même pas cette fois, elle a choisi de dire "on est reparti pour un tour" à la place, du coup je fais semblant de sourire et de tout trouver merveilleux, parce que chacun a sa propre recette pour transformer la vie en merde. Un hochement de tête réprobateur, une remarque, une tête vers le bas, des cicatrices éternelles, mal recousues mais qui s'effriteront un jour. Et là, elle est pas moyenne la vie? Le métro, l'heure de pointe, l'oppression, le nez contre la vitre, on compte le nombre d'obscurités qu'il reste avant de pouvoir se faire délivrer. Une barbe, un peu de cuir, on dit souvent que c'est la recette du changement durable et louable. Moi j'y crois oui. Un chien, de l'herbe et des poires. Et là, la vie est juste bien.