lundi 14 décembre 2009

You're back in the game again.
















Little piece by little piece,
I trap you down on your knees.
Channel Zero - Call on me




Il y a bien longtemps, ma mère aimait, suite à un conflit père/fille vieux de 30 ans non-résolu, me dire "bon maintenant y'a rire et rire" parce que ... parce que quoi finalement? Aucune idée, vu que je n'avais absolument rien fait qui mérite une telle sentence. Une question d'affirmer son autorité sans raison ou de surpasser en intensité les crises de colère de son père, on n'a toujours pas décidé. Alors évidemment je me marrais, et si j'avais pu j'aurais dit "WTF?", mais à cette époque j'en étais plutôt à Snow* et aux Tiny Toons. A ce propos, quand je pose un genou de jeans déchiré à terre pour relacer mes Dr Martens en fredonnant I must have died alone... a long, long time ago**, et ben je me dis que les 90's c'était quand même foutrement plus rigolo que maintenant.

Bref. On en était à "il y a rire et rire".

Il y a aussi eu le jour où j'ai vu à la télé une dominatrice dire "y'a vomi et vomi" mais je n'en ai pas tenu compte plus que ça.

Bref, encore.

Bien des années après, j'ai donc compris où ma mère voulait en venir. Plus que la fameuse opposition quantité-qualité, il y a des degrés de qualité à définir. C'est plus que subjectif, ça dépend de tellement de paramètres que c'est un peu impossible à vraiment intégrer. Tout est fonction de la personne, du contexte, du moment, du temps, des hormones.
Toutes ces conditions à ne pas forcément réunir, tout ce tissu de complexité... Ce doit être pour ça que j'ai choisi d'écrire une petite tranche là-dessus, en énonçant une autre fausse vérité : il y a attendre et attendre. Parce que celle-là, je l'ai vécue sous pas mal de formes, donc j'espère avoir le droit d'en parler un peu.

Il y a attendre St-Nicolas, et attendre les résultats d'une biopsie en se rongeant mentalement le sternum et en essayant de se dire que le pire est ailleurs.

Il y a attendre, très lassablement, dans la file au supermarché, et attendre presque avec trop de ferveur que les fossoyeurs déposent le cercueil au fond de la tombe, pour que les autres vies fassent semblant de reprendre un cours normal.

Il y a attendre un coup de téléphone, le cœur entre les canines, et attendre, des larmes plein la gorge, que l'autre arrête.

On passe un peu notre vie à attendre, parfois en bien, parfois pas. Au final, je crois qu'on attend toujours quelque chose. On a beau dire qu'on n'attend plus rien de la vie, ça restera totalement faux. Que ce soit d'une situation ou de gens, notre imagination déforme toujours le futur, parce qu'on ne peut s'empêcher de s'attendre à quelque chose, d'essayer de se préparer au meilleur, quelques fois à tort...



* a licky boom boom down.
** Nirvana - The man who sold the world