mercredi 30 avril 2008

Regret is part of your name.

















On the only piano

Wrote the fuckin' concerto.
Tomahawk - God hates a coward



Et quand c'est écrit "Become a fan?" puis "You're a fan" sur Facebook, ça me plaît. Ça devrait être aussi facile que ça dans la vraie vie en pas azerty.

Si ça marchait pour les souvenirs, ça m'arrangerait bien d'ailleurs...

"Wanna remember last month?"
"Yeah, bring it on!"

Mais ça ne fonctionne pas des masses, pour être honnête.

Bientôt 6 ans que ma mémoire déconne et que j'oublie les trucs importants. Ou même pas importants en fait, juste les trucs. Tout y passe : la liste des courses, les syllabi avalés, les anniversaires, les soirées, les "tu viens de dire quoi là?".

TOUT.

Un peu comme si j'avais la structure métallique mais sans le rembourrage. Sans les fioritures, sans la vie quoi : le titre dépourvu de son ouvrage.

Une méthode relativement efficiente, c'est celle du (parcours)². C'est-à-dire qu'il faut se retaper le chemin en sens inverse et bien regarder autour de soi pour essayer de grappiller des bribes du passé, en se baladant avec un tube de Pritt mental.
Parfois un objet peut être un déclic et entraîner une association d'idées. Si on empaquette le tout, on arrive à une presque réminiscence, bien que synthétique. Mais le doute subsiste toujours, vu que le deuxième parcours ne peut logiquement que se trouver influencé par des stimuli différents de ceux du souvenir qu'on essaie de récupérer. Et on ne peut bien sûr jamais refaire exactement le même parcours deux fois...

Tendu, hein? D'où l'utilité de créer un backup, plus communément appelé "album photos" au quotidien.

Voilà pourquoi j'ai 5000 photos sur mon disque dur et que ça emmerde/fait rire les gens.
Cette manie peut paraître pouffisante de prime abord mais c'est devenu un axiome sur lequel ma vie sociale repose. Un succédané du Nootropyl®.
La photo me permet de rattraper tout ce qui ne s'est pas passé, donne l'illusion que le moment saisi a été plein de rebondissements, de têtes, d'instants magiques.

La fête n'a déjà commencé que trop tard, autant ne pas en perdre une miette. Chaque pixel est une donnée interne qu'on ne me volera pas. Qu'on ne rendra pas non plus, mais bon. Il est parfois bénéfique de créer une bulle de monde autour d'une photo, juste histoire de se mentir un peu et de transformer la vérité. De toute façon, un souvenir est forcément bien plus subjectif qu'objectif donc si l'angle de vue se trouve décalé de quelques degrés, ça ne changera pas grand-chose au final. Au pire, l'image nous arrachera un sourire. Ou une larme, un mordillement de lèvre.

Ça marche aussi avec la musique mais moins. Ou alors juste pour l'ambiance, juste pour le goût. Quand on remâche les notes on peut en déduire des impressions, des regards furtifs, des éclats de rire.

Mais attention, tout moment n'est pas bon à reconstituer. Je n'ose même pas imaginer le nombre de données négatives qui se sont évadées de mes tupperwares mentaux...mais ça me fait du bien d'y croire quand même.

Si ça se trouve, le processus s'inversera vers mes 70 ans, quand il s'installera chez les autres.

Vivement.


vendredi 18 avril 2008

Speak for yourself and they'll speak for you.


















It's the grooviest thing,
It's the perfect dream.
The Cure - Love Cats




Ça ne ressemble à rien, une fois de plus. Et bordel que j'aime ça. C'est ma sale habitude de couvrir la vie par de la musique trop forte.

Prendre le tram à 7h du mat' et regarder les gens tenter d'émerger, tout en écoutant Snot ou même Billy Talent, ça a quelque chose de féerique. Oui, "féerique" est à sa place.

Enchanteur et un brin malsain, tant la réalité est biaisée.
Plus c'est décalé, plus j'aime ça.

En fait, les chansons devraient posséder le pouvoir de changer le cours des choses. Parce qu'on ne vit pas Bruxelles en octobre, sous la pluie de surcroît, de la même façon selon que l'on écoute la B.O de Requiem for a Dream ou "Chelsea Dagger" des Fratellis. C'est un peu une manière de commander ses états d'âme à la carte, tout dépend de l'état dans lequel on souhaite se mettre. Donc il serait bien légitime que les notes et ondes aient une incidence sur la vie en général et pas uniquement sur nous.
La mélodie deviendrait une façon de modifier à l'infini les choses périssables, les émotions, les repères.

Le principe de base, c'est de monter le son au maximum, histoire de recouvrir la vie.
L'autre vie. Parce que la musique, ça divise. Deux univers de banalités, deux hémisphères de normalité.
Sauf qu'il y en a un des deux qui préfère masquer les sons de la rue.
Les cris des enfants chiants.
Le bavardage intempestif des vieux.
Les engueulades des couples pas heureux.
Tout disparaît sous une couche de "Lovecats" des Cure.
Ça n'a l'air de rien comme ça mais ça fait toute la différence.

Si l'on se pose deux secondes, que l'on bloque le temps, on devient spectateur. Voyeur de la normalité. Mais celle des autres.
Où le moindre geste est sorti de son contexte rendu inaccessible par les décibels, brillant alors par sa connerie et son inefficacité.
Où l'on prend conscience que l'on ne vaut pas mieux qu'eux et merci bien.

Chaque déplacement devient une bulle, qui crève dès que je dévisse mes écouteurs. Mais une si belle bulle, tellement synthétique et dérisoire... A tel point que même pour cinq minutes, ça en vaut la peine. Une esquisse de détournement, l'amorce d'une digression : bref, l'échappatoire éphémère mais indispensable dans une journée.

C'est con mais ça me rend heureuse. Avoir un bête sourire collé sur la figure, juste parce que personne ne comprend la même chose que moi, ça me fait plaisir. Et me donne envie d'aller plus loin, histoire de voir si je rirai autant après. On lance les paris?


vendredi 11 avril 2008

Stand up and admit.




















Cast off the crutch that kills the pain,
The red flag wavin' never meant the same...
Billy Talent - Red Flag



Il fut un temps naguère d'autrefois, j'aurais du écrire des trucs en-dessous ou sur des images qui vendent des trucs.
Copywriter on appelle ça. Genre on pourrait croire que c'est le mec qui trace de petits cercles parfaits autour des "c" mais en fait non, ça aurait été trop facile.

LE truc qui me manque dans la pub, c'est le brainstorming.
Le "tempêtage de cerveau", quelle belle invention.
Ça permettait de pouvoir dire à peu près n'importe quoi tout en faisant semblant d'y réfléchir vraiment et en mangeant des croissants.
D'avoir l'air intelligent pour pas cher.
De se libérer la tête de mots trop encombrants car relativement inusités, comme "contextualisation" ou "conceptualisation" et de les jeter à la tronche du premier venu en prenant un air de connivence avec ... personne en fait, juste une private joke unilatérale quoi.

Mais maintenant que j'ai quitté ce secteur sans jamais y être vraiment entrée, les mots se bousculent à nouveau dans ma tête. Il y a un bon gros stock de 2 ans disséminé dans ma boite crânienne et forcément, ça déconne à fond de balle.
Avant, les mots flottaient, nageaient, s'envolaient pour aller se poser sur la table de la salle de réunion ou sur un cahier Atoma défoncé. Ils y restaient et vu que l'on prenait de la distance et que l'on menait chacun sa vie, on était en très bon(s) terme(s).

A présent, ils collent.
Ça fait comme une grosse purée de mots, un stoemp de syllabes et ça ne va plus. On peut les prendre, les rouler, les malaxer mais sans plus jamais pouvoir les décoller et a fortiori avoir les mains propres. Ils sont de trop. Ce qui pose problème ... car la rétention de mots s'est transformée en insomnies.

Au moment d'aller dormir, les mots tourbillonnent et se relaient pour m'empêcher de sombrer, l'un me heurtant l'épaule, l'autre me donnant une pichenette sur la tempe.

Pendant le sommeil, ils hurlent dans tous les sens, ricanent en se bousculant les uns les autres, tout en rebondissant sur les contours de mon crâne. Ce qui donne lieu à de bien étranges rêves, où par exemple tous les gens qui mangent des pistaches s'évanouissent puis chuchotent "Vanilla ice, ice, baby".

Et au réveil, ils atteignent le paroxysme du sans-gêne. Ce qui implique donc de systématiquement se réveiller à 7 ou 8 heures le samedi. Pour penser à rien. Enfin, surtout à tout mais vu que ça se mélange, ça ne rime à rien.

Parfois je me dis qu'il faudrait que j'arrête de les écouter, que je les écrase un par un comme des moustiques, avec la paume de la main. Mais ça donnerait une couche de mots morts car improbablement biodégradables et je ne suis pas sûre que ça vaille vraiment mieux.
Alors tant qu'on n'aura pas inventé le Baygon Mind, je garde la migraine et les cernes maladifs...


mercredi 2 avril 2008

I feel stupid. And contagious.


















Let's go and throw

All the songs we know...

The Cure - Love Cats




Bordel, je ris. Ca va faire 4h que je ris. Juste comme ça, par envie. Par décision, plutôt.

Ça doit venir du fait que d'habitude j'encaisse, avec élégance et décontraction. Et ulcère.
Mais j'encaisse.
Sauf qu'aujourd'hui pas.

Mes nerfs frisent, mes synapses crépitent et ma rate fait des jumping jacks.

Ça me donne le même bête sourire que lors des soirées où on est sur le point de trop boire et que la brume n'a pas encore tout à fait envahi le cerveau. La même brume qui se transformera le lendemain matin en brouillard puis en névé bien dense sur l'estomac, obstruant les sinus et incitant aux regrets et serments de sevrage les plus divers. Mais ça c'est un autre problème.

Ici, ça reste léger.

C'est un peu comme si toutes les fenêtres s'ouvraient au même moment pour orchestrer le plus spontané des courants d'air.

Tout ça parce que c'est trop. Mais c'est une race de "trop" bien particulière.

Par exemple, il ne s'agit pas de remettre en question le droit d'en revendiquer toujours plus, de s'interdire la lassitude. Un peu comme si on allait regarder la carte d'un resto en sortant à peine de table. Histoire de ne pas gâcher une opportunité, de ne pas passer à côté de quelque chose de plus somptueux. Parce qu'on ne sait jamais.

Non.

Le "trop" dont il est question aujourd'hui est né du fait que je crois que l'on ne tolère jamais tout. Même si on a envie d'y croire.
C'est d'ailleurs encore pire quand on se force à avoir la patience et l'endurance d'un autre en prime car ça ne se lève pas au carré ces choses-là.
On a beau dire mais il y a un moment où on ramasse. On se planque pendant des jours, des mois puis on s'aperçoit qu'on a mordu l'intérieur de nos joues et le bout de nos doigts à sang. Que l'on a de plus en plus de tics nerveux et qu'on sursaute quand quelqu'un nous parle. En fait ça serait bien d'accepter mais si possible sans devoir ravaler son cœur.

Le problème, c'est que souvent, la vie est un peu comme un mec en slim : pas comme elle devrait être. Un coup de couteau dans un contrat imaginaire, une trahison.

J'aime bien Montaigne et sa conception de l'amitié.
"Parce que c'était lui, parce que c'était moi". C'est bien résumé.
Sauf que si l'on part du principe que l'on n'existe qu'en fonction de l'autre et par mécanisme d'empathie, par volonté de s'éviter un bide, c'est un peu du flan parce que ça voudrait dire qu'il y a une variété infinie de "lui" et de "moi". Ce qui est certes vrai mais en partie seulement, du moins à mon avis. Enfin j'espère que l'on garde quand même une part d'intégrité indépendante de toute interaction sociale. Quoique.
Ça voudrait dire que l'on ment et que l'on se ment toujours un peu, vu qu'il faut s'adapter à l'autre et qu'a fortiori on empêche notre véritable nature de s'exprimer à 100%. Parce que ça existe ce mode de communication?

BREF, on ne va pas chipoter.

Le côté positif c'est que ça laisse un panel de possibilités assez intéressantes d'un point de vue imaginaire. Vu ce que ça détruit dans la réalité, ça peut bien me direz-vous.

Parce que ça veut surtout dire que l'on ne sait jamais ce que ça aurait pu donner si l'on avait changé l'un des deux termes.
Et ça, j'aime bien.
Dans ma tête, ça se traduit par le fait qu'on a le droit de rêver à l'improbable.

C'est cette conception de la vie qui me donne envie d'écrire des trucs romantiques à pronostic réversible et de pouvoir encore avoir les tripes de m'indigner de quelque chose.
Ça me donne envie de démultiplier mes souvenirs et valeurs en les modifiant, comme un kaléidoscope un peu taré...même si une partie de ma conscience me hurle délicatement d'arrêter de vivre dans un autre monde.

Peut-être qu'un jour?
Non?

Photo : "The Double Eye" d'Olafur Eliasson qui est danois bien qu'il ait passé son enfance en Islande et ça c'est beau.


mardi 1 avril 2008

Oh just go nameless.






















J'ai comme envie qu'ça soit terrible
Et qu'ça s'passe juste en bas d'chez toi.

Mano Negra - Pas assez de toi




Un peu comme si tout avait disparu. Pour quelques heures, ok. Je sais que ce n'est que pour quelques heures. Mais c'est déjà énorme. Bordel, ça fait du bien de respirer enfin.

Peut-être que c'est ça de comprendre. De comprendre que rien ne sert d'attendre et d'entendre, qu'il faut juste vivre. Ça a l'air un peu baba-bobo comme ça, mais à regarder de plus près leur business plan, ça se tient. Surtout si on n'est pas regardant question long terme. Le long terme point de vue santé mentale c'est bien hein, rien à dire, mais de temps en temps un petit achat impulsif, une petite tête de gondole bien flashy, ça ne nuit pas. Un coup de folie, une minute d'inattention volontaire.
Après tout, c'est grâce à l'instabilité que l'on arrive à mesurer cette foutue stabilité.

Et puis c'est lassant de toujours se retourner, de se péter les cervicales et les dents.

Au nom de quoi, finalement? Repenser à l'impensable, ça n'avance à rien. Peindre en rose une réalité absente n'a jamais fait ses preuves...

On dit que l'on apprend de ses erreurs, mais j'ai un doute là-dessus. C'est humain de vouloir refaire la même connerie. Par entêtement, par espoir en la nature humaine. Par hasard. On change un ou deux paramètres, on rééquilibre les bits et on voit si la force résultante nous atteint à la gueule avec la même intensité qu'auparavant. Tout en évitant soigneusement de penser que c'est la 4e fois qu'on se mange la vie. C'est bien légitime.

Voilà en gros ce que m'inspire la STIB.
Parce qu'écrire dans un tram a toujours été une hygiène de vie, tout en jetant des coups d'œil aux autres passagers de temps en temps bien sûr. Des centaines de gens que l'on ne reverra jamais et qui voyagent avec une belle mine de malade du foie, vu la couleur des sièges en skaï se reflétant sur leur épiderme. Ça me donne envie d'imaginer leur vie, d'imaginer ce qu'ils auraient du être et à quoi ils pensent, le regard courant sur les rails au rythme de la pluie.

Dans les transports en commun, tout le monde se fout de tout, tout le monde pense à sa vie, tout le monde est en proie à un dilemme interne et intense. L'égoïsme en jaune et bleu, rythmé par le son de la carte qu'on pointe, du "pardon" esquissé du bout des lèvres, de l'arrêt qu'on demande.

Il faudrait vraiment résilier mon abonnement...