mardi 25 novembre 2008

I bet you look good on the dancefloor.
















No need to hesitate, no need to concentrate,
No need to slow things down with conversation.
Hot Hot Heat - Conversation




" On y est. J'avais pas envie mais bon. Comme si c'était hier.

C'était hier en fait.

Mais plus sombre qu'un autre hier. On peut dire que le temps a passé, voire même fracassé.
Un peu ma tête, beaucoup mes neurones.
Un peu mes lèvres, beaucoup mes épaules.
Un peu lourd à porter, mais justifié.

J'aurais tellement voulu ne pas avoir à l'écrire, ne pas avoir à le dire ni à le penser. L'idée est apparue un jour dans un coin de ma tête. J'ai essayé de l'empêcher de croître comme une mauvaise herbe déguisée en poulpe, comme des ronces en forme d'angoisse. Elle s'est donc développée dans son coin, en rongeant petit à petit ma conscience.

Le jour où elle a explosé, je n'ai rien vu venir. Ça s'est emballé, c'est le problème quand on ne parle pas de la même chose, qu'on ne sait pas qu'on parle de quelque chose d'ailleurs. J'aurais bien voulu ne pas te dire "tu". Ne pas devoir utiliser une autre langue.

Depuis c'est le brouillard, mais chiant. C'est d'une platitude intolérable à l'écrit, mais la vie a perdu de son goût. Plein d'images se succèdent en sifflant de manière obscène, l'une remplace l'autre et je ne trouve rien à y redire, c'est le prix à payer. Alors j'assume. En me rongeant et en me torturant.
C'est le prix à payer.


Comme quand je regarde les photos et que je me demande à quoi tu penses, en essayant de déchiffrer ce qui passe dans tes yeux, ce qui défile à travers tes cils.
Comme quand je me retiens de refaire le passé, de changer les mots, les gestes, les lieux, les ambiances.



Je mentirais si je disais que tu me manquais. "


lundi 18 août 2008

I'm finally dandy with the "me" inside.
























Does the punishment fit?
Or drag your style to zero?
IAMX - Kiss and swallow



" J'étais en train de faire la file au supermarché (pas "tranquillement", sans adverbe, quoi). Ni plus, ni moins. Je n'attendais rien, n'espérais rien. C'était juste une file, pas la pesée de l'âme et de la plume, merde.
Je patientais, les bras surchargés de denrées aussi variées qu'inutiles. Comme toujours, j'avais oublié de prendre liste, sacs et paniers. Encore un jour à faire la mule, mais ouais. J'en étais à réfléchir sur le complot mené par les grandes surfaces à propos des sacs en plastique payants qui ne sont pas écologiques pour un balle, vu qu'on en rachète toujours, vu qu'on les oublie tout le temps, quand soudain.

(Oui, "quand soudain" ça fait cliché. Mais j'aurais pu écrire "quand tout à coup", et ça c'est pire).

Quand soudain, je le vis. Genre 1m35, les cheveux châtains en bataille, les yeux gris délavé dénotant un certain intérêt pour le néant. Les bras maigres, posés sur un corps un peu difforme. Moi, quoi. Mais à sept ans. Ses lèvres (ou mes lèvres, au choix) bougeaient, mais je ne parvenais pas à franchir la barrière sonore des 500 autres personnes en train de dépenser en comptant. Je décidai donc de me rapprocher (oui c'est logique mais essaye de faire le lien autrement).

"422, 23 juin 1974, tu as été en retard au dîner et ton père t'a fait dormir dans le jardin"

Hein? (d'accord, "hein" ça ne s'écrit pas mais faut encore savoir quoi écrire à la place)

"647, 12 novembre 1979, ton premier procès pour harcèlement, 25 heures de travaux d'int..."

Trop. C'en était trop (ou du moins, ça faisait beaucoup en une fois). Ce petit con était en train de dresser le bilan de ma vie, ou plutôt de le hurler dans un super U. Le bilan négatif de ma vie, pour être exact. Toute ces choses que je croyais oubliées et qui m'affaiblissent encore trop aujourd'hui.

Alors, il a continué : "598, 5 décembre 1977, tu as tabassé Tom à coups de batte parce qu'il s'était moqué de ton nouveau blouson".

Alors, je n'ai plus tenu : je lui ai balancé mes courses une à une dans la gueule (plus de langage soutenu je veux bien mais c'est juste un brouillon). D'abord, avec un certain calme et des gestes que l'on pourrait qualifier de posés si on ne tenait pas compte de l'aspect psychiatrique de la chose, je lui ai écrasé trois oeufs sur la tête. Un par un, en lui malaxant bien les cheveux. J'entends encore les coquilles se fissurer puis céder en lui égratignant le coin des yeux et les pommettes. Ca, c'était juste avant la pizza. On ne dira jamais assez merci aux ingénieurs du Dr Oetker d'avoir créé de si belles pizza. Au diamètre épousant parfaitement les contours du visage d'un jeune enfant, le recouvrant jusqu'aux oreilles histoire de l'étouffer plus facilement. A la garniture si grasse, se transformant presque instantanément en bouillie au pouvoir obstruant assez intéressant. Vint le tour du vinaigre (tu crois vraiment qu'il faudrait arrêter la description alimentaire? C'est le meilleur pourtant...). Mais il ne criait pas. Il ne bougeait pas. Il avait la tête de celui qui attendait ce moment depuis toujours. Au moment de la moutarde (promis c'est le dernier détail gastronomique), les choses se sont envenimées. Les images se sont comme brouillées, pour faire place à une autre, nettement moins drôle : celle d'une grande blonde affublée d'une robe verte pas terrible, hurlante et échevelée, me lacérant le bras via ses ongles laqués rouge pute. Elle s'époumonait, mais bien comme il faut. Elle tenait dans ses bras un blondinet au regard vide de vie (on m'a dit ce jour-là que c'était ça, un état de choc et ... Ok je me tais!), à la bouche pleine de chiffres et de dates incohérents, qu'il égrenait d'une voix forte mais mal assurée. D'une voix d'adulte mal dans sa peau.
A chaque fois que je repense à cette scène, c'est marrant, on augmente mes doses et on remplace le capitonnage d'au moins un des murs de ma cellule qu'ils préfèrent appeler "chambre". J'aurais bien continué mais voilà Franck qui arrive avec le vallium. Le Vallium, même. Mais j'imagine qu'on se reverra. Tous. "


vendredi 25 juillet 2008

Do it for the monsters under your bed.


















A friend with breasts and all the rest,
A friend who's dressed in leather.
Placebo - Pure morning




" Si chacun de tes mots avait été un jet de boue, je serais morte étouffée, chaque pore de ma peau rebouché à jamais par ta violence pour la dernière fois lâchée en liberté.

Mais malheureusement non, donc je survivais.

Le malaise en devenait obscène tant il était palpable. Tu as inévitablement fini par m'en vouloir.
Après tout, c'était ma faute.
C'était ma faute si tu devais te laisser aller à tant de médiocrité, à te transformer en canon chargé aux insultes et aux calomnies. Si je n'avais pas fait tant de conneries irréparables à tes yeux, si j'avais été une autre, tu n'aurais pas du passer de l'autre côté de la rive pour avoir un meilleur recul afin de me lapider bien dans les règles.

Et donc, pour tout ça, tu m'en voulais.

Au final, tu attendais une ovation, une quasi-vénération, et comble du mauvais goût, une boîte de Ferrero Rocher. Le problème était que, quand je te voyais, ça me rendait nerveuse. Mais pas en bien. Pas comme des butterflies à la con voletant sur mon stomach, non.
Non.
Quand je te voyais, ça me donnait juste envie d'être ailleurs, d'un coup, quitte à devoir te renverser puis te piétiner pour arriver à destination.
Je n'ai jamais compris ce que tu voulais réellement de moi. La pitié prenait le pas sur le combat et inversement, au gré des jours et de tes crises.
Tu n'attendais probablement rien au départ et on aurait du en rester là, à vivre chacune de notre côté, chacune dans sa souffrance.
Ca m'aurait éviter d'avoir à déchiffrer le dégoût que je lisais hier dans tes yeux, de prendre en pleine tronche tes regards de mépris, de devoir déterrer un semblant de tolérance du vert-de-gris de ton iris inquiétant.
Je me sentais comme baignant dans de la mélasse sale et stagnante, dans laquelle on s'enfonce inévitablement, qui enserre d'abord les chevilles, pour venir entraver les genoux puis bloquer définitivement le bassin, assurant ainsi une mort lente et pleinement consciente.

Parfois, une trêve s'instaurait. On rêvait d'une vie meilleure, on espérait, ton visage se détendait, tes mains étreignaient même parfois les miennes. Et les salves de colère reprenaient de plus belle, m'atteignant plus profondément encore.

Tes 5 derniers mois de vie m'ont fait penser à un match de catch : des pains dans la gueule, du ridicule et l'entourage pour venir achever le perdant déjà à terre.
On dit que c'est le cancer qui parle. Tu aurais du lui confisquer son mégaphone.


Peut-être alors se serait-il lassé de perdre sa voix au fil des mots qui blessent, qui dérangent, qui me démangeaient tellement de te mettre une baffe.

Peut-être alors aurait-il daigné te laisser une journée, une nuit, même une heure de répit, sans t'abandonner haletante et en sueur une fois la crise passée.

Peut-être alors ton dernier regard n'aurait-il pas été chargé de cette haine conquérante, ton visage déformé par la vengeance, ton corps déjà tendu vers l'autre côté du miroir.

Tout a commencé dans la boue, tout y finira. "


samedi 14 juin 2008

The monkey on your back is the latest trend.























Call me up before you're dead

We can make some plans instead
.





" Si les souvenirs étaient biodégradables, et tablons sur 5 ans de processus histoire de donner des chiffres au peuple, le sol serait couvert d'un amas gluant à l'odeur tenace.
Rose. Noir. Mais gluant. Mais rose.
Enfin, ça dépendrait de la composition chromatique du souvenir. Donc en gros ça donnerait du gris.

Il en était là de sa réflexion.
Il était "là", d'ailleurs.

Complètement glauque, inutile, flou, courbé.

La tête dans une main, l'autre caressant rageusement le colt lové dans sa poche. En toute décontraction.

Les rames de métro se succédaient depuis plusieurs heures devant son visage buriné par le sort et ses sales coups, les yeux enfoncés, tenus à l'écart de sa vie par le rideau de ses paupière trop lourdes. Comme si un voile de peau allait l'empêcher de se mettre bien en face de ses conneries, y compris de celles qu'il aurait tant voulu faire...

Les rames se succédaient, donc. La raison pour laquelle ce ballet ne prenait pas fin donnait envie de lever les yeux au ciel en soupirant : il n'arrivait pas à décider quelle rame serait la bonne. Bien que "bonne" ne soit pas la terminologie exacte, mais avec un tant soit peu de vodka, un mot en vaut bien un autre, convenez-en.

Les rames se succédaient depuis bientôt 6 ans, pour être tout à fait honnête.

Il était là.
A se concentrer sur sa vie, plutôt que sur sa cible. Et il revenait "là" chaque jour, au point de faux départ.

A considérer, supputer, contrebalancer, comparer.

C'est qu'il avait du mal à sauter le pas. Du mal à choisir quelle personne, quel cadavre allait faire basculer sa vie bien pépère vers les abîmes de la cavale, de la course-poursuite très terminable vu qu'il était un peu con. Il avait toujours voulu faire quelque chose de plus que les autres. Pour en finir en beauté.

Quelque chose d'extraordinaire, fou, cinglant, imposant.

Un coup d'éclat qui le ferait voir autrement par son entourage, qui lui accorderait peut-être même un entre-filet post-mortem des plus délicieux dans la gazette locale. Qui sait. "Qui" en sait vraiment long sur la question.

Mais lui pas.

Ainsi, les minutes s'égrenaient, dégoulinant et oxydant les heures qui s'entrechoquaient en chuintant.

En le tiraillant, questionnant, humiliant, pressant.

Tout ça pour en arriver à ne tuer personne. F...on va l'appeler "F." pour commencer, allait encore lui coller une baigne pour cause de fainéantise aggravée, mais il s'en foutait. Ici, il avait toujours l'impression d'être quelqu'un. D'être un vrai tueur à gages, statuant sur le sort de sa prochaine victime. Il imaginait des sévices, des tortures sans nom. Sans images non plus, heureusement. Juste pour la frime intérieure.

F., c'était sa femme.

Juste chiante, aigrie, morne, autoritaire.

Et potentiellement morte.
Sa voix perçante le hantait depuis ce foutu jeter de terre sur son cercueil, il y a bientôt ... 6 ans de cela. Elle avait toujours aimé donné des ordres, il n'y avait pas de raison que tout s'arrête du jour au lendemain juste à cause d'une bête cessation d'activité biologique.
C'est elle qui lui donnait le "là" à chaque fois. "Là" était pas mal de choses.

A la fois géographique, philosophique, mental, physique.

Cette mort lui avait donné pas mal d'idées, à F.. Elle avait désormais un nouvel objectif : le pousser à bout. L'obliger à mourir, probablement pour avoir une plus grande emprise sur lui, pour l'avoir à ses côtés. A jamais. Il disait "probablement" quand il en parlait à son psy, parce qu'il ne savait pas très bien. La communication n'avait jamais été son fort et une fois morte, elle n'avait pas franchement progressé.
Pour lui, la mort n'avait pas vraiment d'importance. Il voulait juste clôturer sa vie par un feu d'artifices.
Tant qu'il hésiterait, elle hurlerait.

Elle l'invectiverait, torturerait, menacerait, détruirait.

Mais ça ne comptait pas pour lui. Rien ne comptait pour l'instant, hormis l'acier mêlé aux couleurs criardes du carrelage et les pubs qui s'enchaînaient à toute vitesse, l'ensemble défilant sans complexe sur un fond musical plus qu'improbable.

Il en avait envie, il était de très bonne volonté, même. Après tout, c'était presque un tueur, qu'on se le dise.

Le supporter de foot avec le bichon sous le bras?
Ce serait rendre service à l'humanité et il n'était pas du genre bénévole et merci bien.

La vieille en train de pester sur les jeunes habillés d'un fluo douloureux pour ses yeux fatigués par la cataracte?
Ce serait trop évident et d'une envergure lui valant une place dans News of the World plutôt que dans le Times.


Il lui fallait LA proie. Quelqu'un d'aimé, histoire qu'il devienne quelqu'un de regretté.

Alors, elle a débarqué. Comme si c'était prévu.

Ca aurait pu être préenregistré, monté, pré-mâché, offert.

En plein milieu du quai, il n'a pas bien vu comment. On aurait dit qu'elle était faite pour ça. La nuque dégagée du col de son grand imper, la démarche assurée et claquante du haut de ses talons en bois. Elle posait sur le monde ce genre de regard, vous savez, celui qui mérite des baffes. Dès qu'elle posait ses pupilles cerclées d'un vert mordoré sur quelqu'un, on avait l'impression de lui appartenir et bien pire, de tout lui devoir. Ce genre de filles à qui on ne peut pas dire non, à qui on peut juste tout offrir pour entrer dans ses bonnes grâces, pour se sentir s'élever, pour ensuite se rengorger en public. Il l'a alors approchée. Il a vu la courbe de son cou, offerte au canon de son colt encore vierge de tout meurtre.
Il a vu une autre courbe, celle de la balle s'enfonçant dans son épiderme, faisant voleter les cartilages, meurtrissant les chairs, pour finir par se loger en plein dans la moelle osseuse, comme il en avait toujours rêvé.

Du moins, c'est ce que j'ai cru lire dans ses yeux, alors que je l'observais depuis plusieurs heures, tapi derrière un distributeur de KitKat.
Du moins, c'est ce que j'ai cru lire dans sa vie.

C'est ce que j'avais envie d'imaginer, une histoire sur pattes, avec une colonne vertébrale et des muscles pour se mouvoir.
Seulement, ses paupières tombantes trahissaient sa faiblesse, me garantissant ainsi une fin plus que non-désirée : le happy end. Le prototype même de la fin qu'on aime détester, celle que l'on croit faire partie de la vie des autres et jamais de la nôtre. Il avait l'air tellement con, il aurait été capable de bégayer une déclaration d'amour débile, elle aurait eu pitié, aurait marché en plein dedans et ça n'aurait été qu'en empirant.
Elle lui aurait redonné goût à la vie, lui faisant oublier sa femme et sa carrière insignifiante, lui donnant l'amplitude et l'altitude qui lui avaient toujours fait défaut et toutes ces conneries.
Il serait devenu un autre.

Quelqu'un de reconnu, apprécié, redouté, respecté.

Juste quelqu'un.

Sa vie, c'était mon idée.
Mon mi-roman, mi-polar dont aucun éditeur n'avait voulu. Hors de question qu'il saborde ma propriété intellectuelle. Il n'avait pas le droit de la vivre.

Plutôt crever.
Plutôt les crever, pour être exact.

C'est pourquoi, MOI j'ai eu le cran de prendre mon colt. Pour un descriptif plus complet, voir plus haut et multiplier par deux.
Plus de détails, ça nous ferait tomber dans le mauvais goût, non? "


vendredi 23 mai 2008

Jump around if your mind can't work.


















You used to call me "Schnookums" and shit like that
Now you're after me with a baseball bat.
Smash Mouth - Pet names




Désolée, mais regarder par terre, c'est rêver. Et qu'on ne me les casse pas encore avec le ciel, l'avenir, l'espace et toutes ces conneries.
En ce moment, je ne jure que par le sol.
Parce que c'est concret, ça reste là (presque) indéfiniment. En absorbant, en tremblant, en faisant pousser des choses qui se mangent. Par rapport à un truc tellement indécis qu'il n'est pas capable de garder la même couleur plus de 12h d'affilée, il me semble qu'il faut stopper l'argumentaire hein.

Là je sens que vous ne saisissez pas la corrélation entre stabilité et rêve, j'y viens.
C'est biscolaire, en fait.

Pour certains, le rêve c'est de tout construire à partir de rien pour déboucher sur le paroxysme de l'utopie. LE rêve, quoi.
Pour d'autres, c'est utiliser des matériaux de base et les recombiner pour former un semblant de chimère, pas trop réaliste mais pas trop tordue quand même. Comme ça, la chute est moins rude. Toujours cette récurrence de la chute, oui.

Et donc, j'appartiens à la seconde école : rêver, d'accord, mais dans les limites de la désillusion potentiellement acceptable.
Bref, le sol m'inspire. Non pas en songeant aux milliards d'êtres humains qui ont foulé ces terres avant moi, avec des vies fabuleusement pleines ou vides.

Non, ça je m'en fous.

C'est plutôt en pensant à tous ceux qui ne fouleront pas ce sol que je commence à rêver. Tous ces gens imaginaires, tous ces inconnaissables, tous ceux que j'aimerais croiser et que je ne croiserai jamais.
Voilà mon monde du moment.
Quand je vois des résidus de vieux chewing-gums, je me dis que celui qui possédait les mâchoires correspondant aux empreintes était forcément quelqu'un. De bien, ou même pas.
Il me prend par la main et on va faire un paintball.
Ou boire un thé à la violette, ne soyons pas sectaires.

Une des rares vérités assénées par l'un de mes anciens profs de marketing est la suivante : "Tu ne laisses pas aux autres l'occasion de pénétrer dans ton monde". Bon le contexte n'avait rien à voir mais merde. C'était la vérité. Ça l'est toujours, probablement.

Tout ça pour dire que regarder par terre, ça m'évite de scruter les alentours et de croiser de vrais propriétaires de mâchoires.

Qui ne me feront pas danser un slow bidon sur "Where is my mind?".
Qui ne me diront pas à quel point ils sont outrés de l'inutilité des ornithorynques sur cette planète.
Qui ne se moqueront pas des patineurs artistiques qui tombent dans la télé le dimanche après-midi.

Dommage, vraiment dommage.


jeudi 22 mai 2008

Hey close the kitchen.
























Ooo ooo what if maybe
I hadn't have met you, no I hadn't have met you.
Bromheads Jackets - What if's + maybes




Oh, des guillemets...



" Depuis que tu es entrée dans ma vie, rien n'est plus pareil.

Non, je déconne.


Aujourd'hui, je tente de rester guigne. Mais quand je te vois manger ton truc rose tout dégoulinant de glucose et de cholestérol, je me dis que la vie n'est pas ce qu'on pourrait croire, et ça c'est bien. Même si je ne situe pas très bien en quoi mais ça va venir.

Par contre ce soir, j'ai dit "comme toi' et cette phrase sera à élever au rang de regret, comme pas mal d'autres, soyons honnêtes.
Parce que ça m'a encore rapporté un whiskey-coca.
Et ça, c'est fâcheux.
Non seulement ça sent la céphalée à 3km mais en plus c'est trop fort. Pourtant, on aurait pu croire que les bulles auraient pu alléger l'histoire et apporter un frétillement salvateur pour les papilles, un peu comme un coup de klaxon dans un auditorium l'après-midi.

Mais non.

- Et là tu viens de badigeonner de crème chimique la seule partie de ton visage qui était encore plus ou moins propre, bravo.

C'est sirupeux, ça attache, ça arrache, au lieu de flirter avec la luette, d'entamer un fox-trot avec les papilles. Tout ça pour ensuite dessiner une belle barre en pointillés le long des sinus, qui restera collée là jusque tard dans la matinée. Le whisky-coca, c'est la raison première qui me pousse à vraiment lire la composition des cocktails sur une carte. Sauf que ce soir, ça a foiré.

Faut jamais dire "comme toi", ça n'apporte que des ennuis. Mais quand on est pris au dépourvu, c'est vrai que ça peut toujours servir. C'est un peu la roue de secours du consentement, la béquille de l'acceptation, pour les jours où plus personne ne répond au standard.

- Attention à la crè...non, rien, trop tard.

Et puis, on ne le pense pas vraiment, pas de blague hein.
On sait qu'on ne sera jamais "comme toi" et j'ai envie de te dire merci pour ça.
Merci de garder une part d'inaccessibilité, une part de cauchemar évaporé au loin.
Merci de maintenir cette distance vitale à nos libertés respectives.
Sans ça, on pourrait se fondre les uns dans les autres, se confondre à l'infini dans un jeu de miroirs maculés d'empreintes digitales. Je ne sais pas ce que j'ai envie d'être, mais j'ai quand même une vague idée du but à ne pas atteindre, de la ligne à ne pas franchir. Ce serait un peu dommage de ruiner tout ce non-concept, cette absence de réalisation, par un simple "comme toi".

- Par contre ce serait bien que tu arrêtes de manger, pour le bien de tous.

Juste par flemme, par désertion. Sauf que ce soir, je n'avais pas envie de réfléchir. C'est toujours en ce genre d'occasion que tout foire, que tout perd pied et ce soir-là, ça n'a pas loupé. Tu étais là, j'étais pas loin non plus.
Tu m'as regardé, détaillé, déshabillé.
Puis nos regards se sont croisés.

Et rien.
Mais rien, hein.

Tu as tout de même jugé bon de venir me parler de ta vie pendant 3h et comme d'habitude j'ai cédé. Je t'ai écoutée, encouragée à poursuivre, tout en ponctuant la moindre de tes phrases soit par un hochement de tête, soit par une moue approbatrice. Tu as tout gobé. Et voilà où on en est aujourd'hui, ça ne te fait pas peur?

- Je peux en ravoir un?
- Ta gueule. Enfin. "


mardi 20 mai 2008

Josephine says you got a bleedin' nose.

















I try to laugh about it
Cover it all up with lies.
The Cure - Boys don't cry




Il va falloir renoncer à recoller les morceaux. D'histoire, hein.


"
- Ouaw, tu rayonnes... T'es amoureuse?
- Non, j'ai juste trop bu.
- Ah ben comme quoi...
- Oui.
- Remarque, ça revient moins cher...
- C'est sûr.
- Et sinon je t'emmerde avec mes points de suspension ou bien...?
- Nonon, pas "ou bien", la première partie de ta phrase était correcte.
- J'aime pas quand tu ris, ça te rend encore plus malsaine...
- OH OUI, noie-moi sous les compliments.
- Non...
- MAINTENANT.
- Bon... Quand certaines personnes sourient, ça les illumine, elles sont comme transcendées par une saloperie de boule de lumière ou de sérénité, vois-tu. Toi pas...
- Ah non?
- Non.
- Tu as oublié deux points là.
- Et en plus tu te fous de ma gueule. Bref, toi quand tu ris, on se demande si on va se ramasser la peste ou le choléra en premier. Quand tu ris, la terre s'arrête de tourner, puis elle te demande si elle doit balancer les sauterelles maintenant ou attendre que tu finisses ton café d'abord.
- Je suis une plaie à ce point-là?
- Pire que ça. Quand je te vois arriver, je sais que je vais prendre. Et pas dans le bon sens du terme.
- Très fin, ça.
- Et quand je te vois partir, et ben je ne me réjouis même pas.
- Vraiment? Je suis flattée.
- Parce que tu reviens toujours.
- Je suis chiante à ce point-là?
- Tu reviens TOUJOURS.
- Finalement, j'aime pas trop quand tu parles. Je préférais les points à la dérive.
- Ce qui me les casse, c'est que tu n'écoutes même pas.
- Ça doit être pour ça qu'on est mariés.
- ...
- Tu vois quand tu veux!
"


samedi 17 mai 2008

A.K.A I.D.I.O.T


























We don't need them (x8)
Billy Talent - Red flag




Alors pour changer, je voudrais protester. J'ai donc deux thèmes de protestation, mais qui se rejoignent un peu quand même. A condition d'avoir de l'imagination.


Première objection

Quand je tapote mon Nokia et que pouf comme ça je veux écrire "myrtille", le dictionnaire T9 me regarde avec un air penaud en me demandant de le lui épeler. Par contre, pour "rodomontade", il n'y a aucun problème. J'en déduis donc que le T9 n'apprécie pas les choses simples de la vie et préfère se la péter dans les cocktails mondains en disant "quelle rodomontade!" à tout va, avec un air dédaigneux.

Le T9 est charming and witty avant d'être fonctionnel. Comme nous.
Le T9 est un non-être humain comme les autres. Et je ne m'abaisserai pas à disserter sur le WYSIWYG une nouvelle fois, ni à rappeler que l'homme ne s'intéresse qu'à l'apparence et toutes ces conneries de clichés. Même si...
Vous vivez dans ce monde aussi, inutile d'en rajouter une couche.

Voilà pour la première protestation.


Deuxième objection

On m'a dit un jour "Moi les paroles je m'en fous, ce qui compte c'est la musique derrière".

Alors là, ça me donne envie de détruire quelque chose de beau.

Parce que bon, certes, la musique est importante : théoriquement, la mélodie c'est la première approche. C'est la première impression, qui normalement sera déterminante dans le verdict d'appréciation du morceau. Le truc, c'est que parfois la première impression est négative. Du coup, on efface le mp3 et on s'en va, c'est une solution parmi tant d'autres.
Cependant, une solution alternative consiste à écouter les paroles, et à se demander si finalement ce mec qui hurle sur des notes bizarres n'a pas réellement quelque chose à dire. Quelque chose de fort, de con, de rigolo. Qui va changer la perception que l'on avait initialement du morceau. Il suffit d'y prêter un peu attention et toute la symbolique de la chanson s'en trouve modifiée, la mélodie passe mieux. On y prend même goût, en fait.

C'est ça qui me plaît chez les mots, cette faculté de tout retourner, qu'il s'agisse de compatir ou de dire "merde", de nous conforter dans nos préjugés ou de nous épater.
Donc quand on me dit que les paroles ne servent à rien, ça me fait friser la rate.


Voilà, j'ai gueulé par Asymmetric Digital Subscriber Line interposée et ça va beaucoup mieux. Oui?
Oui, ça, va, mieux.


jeudi 15 mai 2008

God got a date with your VCR.






















It's the smiling on the package

It's the faces in the sand.
Interpol - Evil




J'ai toujours bien aimé les périodes d'examens.

Parce que ça fait faire des trucs cons.

Genre en été, suivre Roland Garros alors que 1) on ne regarde jamais la télé et que 2) on n'en touche pas une en tennis. Mais on se sent obligé de tenir jusqu'au bout, voire pire, de ressentir de l'engouement pour ce sport. Et je ne parle même pas des années coupe du monde ou d'Europe...
S'il n'y avait que ça, ça passerait encore. Mais il existe une foultitude de symptômes variant d'un individu à l'autre. Mon grand truc, c'est la répétition alimentaire. Pendant 5 semaines, je bouffe la même chose matin, midi et soir. En général ce sont des aliments totalement improbables et nuls, genre des pommes noisettes. Mais écrasées et passées au four. Des pâtes rôties dans le ketchup avec du poivre. Des Aiki sans la sauce. Bref, de la nourriture presque normale, mais on sent que quelque chose cloche. Et qu'il va falloir que ça cesse. Un peu comme tout le reste.

Quand on y réfléchit, la télé et la bouffe, ça reste un moindre mal. La plus grosse tentation restant le net bien entendu... Passer 25 fois sur son profil facebook ou myspace pour y changer un détail, pour voir les détails que les autres ont changés et pour voir les détails que les amis des autres auraient pu changer. Tagger les photos les plus moches et écrire un commentaire inutile. La classe, quoi. Et ne parlons même pas de la tournée des vidéos débiles/crades sur YouTube...
Tout ça pour éviter d'étudier et pour rentabiliser le "à 30 j'arrête pendant une demi-heure".

En fait, les examens ça donne l'impression de vivre un moment important, exceptionnel. C'est un temps fort, ne tergiversons pas.
Tout le monde s'active.
Pète une case.
Promet de s'y prendre plus tôt à la prochaine session.
C'est toujours la même chose et ça a quelque chose d'apaisant, de réconfortant car cyclique. On va fournir des efforts qui paieront peut-être. On a un objectif et on se sent investi d'une mission quasi divine : celle de ne pas décevoir. Oui, j'exagère, ce sont juste des questions totalement aléatoires concernant des sujets étudiés de manières totalement aléatoires la plupart du temps, principalement les dernières pages.
Tout ça permet surtout de trouver des excuses à des comportements étranges, des manies dérangeantes, des façons de parler un peu trop abruptes.

Mais ce n'est jamais qu'une impression, ça retombe aussi sec à chaque fois.
Mais quand même, j'aime bien.

C'est con, ça me manquera plus tard.


vendredi 9 mai 2008

My salt, your sweet.

















I was just sipping on something sweet
I don’t need political process.
The Killers and Lou Reed - Tranquilize




Voilà encore un bout d'histoire, mais avec un autre personnage. Ca ne ressemble toujours à rien, je doute d'y parvenir un jour mais ça m'amuse quand même, que voulez-vous...


" Ce jour-là j'avais voulu dormir. Sombrer dans l'abîme pour oublier qu'en fait il n'y a rien à oublier, que tout est dans ma tête et que tout le monde s'en fout. A juste titre. J'ai voulu dormir, donc. Mais tu as déboulé dans la chambre avec un rictus collé sur la tronche, "fais gaffe, y'a un pompier". J'ai pas tout de suite saisi. Et puis je l'ai vu qui te suivait, maculant le lino déjà pas propre de sombres marques de boue tout en se dirigeant vers la fenêtre. Par laquelle il est passé et n'a pas daigné revenir, fin de l'interlude sauvetage. Je ne me suis pas attardé à ce genre de détail, me contentant de rester la bouche entrouverte à peine quelques secondes. Ces derniers temps, il y avait largement plus bizarre. J'ai secoué la tête puis tourné les yeux vers le réveil. Bordel, 5h40! Fallait que je mette les voiles dans 20 min pour tracer au boulot.
Ni une ni deux, la rame de métro s'amène. Pas envie de voir les gens, pas envie de sentir leur regard couler sur moi comme des mains de pickpocket indélicat. Alors je me roule en boule entre deux carrés de sièges, pour 10 min ça fera l'affaire. C'est là qu'elle crie "ON DESCEEEEND!!!" à une ribambelle de petits crétins en short. J'ai une vue imprenable sur ses mollets et le sang coule le long de ses jambes, venant dessiner de sombres anneaux rouges sur le bord de ses socquettes à la con. Mais je ne dis rien, chacun sa croix. Par contre son "on descend" me fait bien plus d'effet. Je crois que c'est ce jour-là que j'ai tout lâché. On y reviendra après, la journée continue. Le truc c'est qu'il faut maintenant me dérouler (ce qui est un peu synonyme de perdre la boule dans mon esprit tordu), tout ça pour me retrouver une énième fois à fouler le bitume pendant que tout le monde pionce encore. Comme un conquérant mais en terrain déjà conquis par ses ancêtres. Au rythme de ce qui se déverse dans mon crâne via mes écouteurs, comme toujours. La pluie me gifle avec intensité et régularité. Si c'est une goutte par connerie, ça fait un sacré palmarès.
Et merde, c'est déjà là.
Je pénètre dans le bâtiment suivant la même routine déjà installée depuis 2 ans. Porte blindée qu'-on-se-demande-pourquoi, badge râpé, la totale. L'uniforme vient me coller à la peau comme une sentence injustement méritée. Vite, rejoindre mon refuge. Maintenant. C'est con à dire, mais cet endroit c'est un peu le poumon de mon cœur. Quand mon sternum se resserre, quand ma respiration s'accélère et que les larmes remontent d'on ne sait où, je pense à lui. Je suis le seul loser qui pense à son bureau quand il a un coup de blues. Faut dire que c'est pas vraiment un bureau... Des tonnes de poussière, des troupeaux de moutons indisciplinés, une odeur de trucs vintage. C'est parti. Ici, tout est en trompe-l'œil. Livres, ordinateurs portables, fleurs. Nourriture, cartes écrites à la main, cadres photos. FAKE. Le but étant de reconstruire la vie de gens qui n'ont jamais existé, mais qui, s'ils avaient existé, auraient été parfaits. Souriants, modernes, dynamiques, propres sur eux et dans leur maison. Ces choses ont l'air d'avoir vécu mais en fait non. On dirait que tout est patiné par le quotidien, écorné juste comme il faut. On a d'ailleurs un très bon verni pour se la jouer "j'en ai connu des trucs". Pour cacher le neuf, dissimuler l'absence de passé. Ici, tout n'est que mensonge... "

A suivre?


mercredi 7 mai 2008

Put on your headphones and step into the zone.

























Livin' the dream, if you know what I mean
And I'll be that boy you used to know.
Peeping Tom - We're not alone




J'aurais bien aimé te parler, mais t'es jamais là.

Ce carnet retranscrit sous forme de blog, c'est ta faute et ne viens pas dire le contraire.

C'est ta faute si les mots pleuvent à n'en plus finir.
C'est ta faute si je me sens obligée d'avoir une opinion sur tout et que, comble du comble, ça me plaît.
Mais "faute" n'est pas forcément péjoratif, tu sais que j'aime te taquiner. Te mettre en rogne.
Mais ne change pas de sujet, parce que tout est là à cause de toi.

Au fond, c'est gentil de ta part d'avoir fait ça. Même si parfois je me dis qu'une Wii aurait été bien aussi.

C'est GRÂCE à toi que je panique quand j'oublie de prendre cette crasse de carnet que je me sens forcée d'insulter pour gagner en maturité, histoire de ne pas faire la fille qui se trimballe avec sa peluche.

C'est grâce à toi qu'il ne faut plus essayer de me parler quand mon stylo ne crache plus rien ou qu'on me refile un bic qui n'écrit plus. Alors là je sens que tu vas pinailler pour cause de mauvais usage de la langue française et je te conchie. Le bic écrit, va falloir t'y faire. Parce que lui c'est moi, donc quand il décide de ne plus écrire, et bien ça me coupe tous mes effets. Comme quand tu vas à un rencard sapé comme un prince et que l'autre n'a pas lâché son jeans.

C'est grâce à toi que je connais un soulagement presque physique, corollaire du "reclapement" de couverture aimantée.

C'est grâce à toi que mes doigts ont presque recouvré la santé.

C'est grâce à toi que les soirées chiantes ne sont plus chiantes et que s'enfiler la quasi totalité de la ligne 1B est devenu aussi délicieux que mordre dans une boule de Berlin en essayant de ne pas foutre de la crème partout.

C'est grâce à toi que ma polarité tend désormais vers...l'autre côté.


Pour tout ça, je te dis merci.

Et sinon, tu penses exister quand?


mardi 6 mai 2008

This feels like never ending.




















Well you thought you'd tear my skin from bone
Just cause it was cold and you needed a coat.
Dillinger Escape Plan - Milk lizard




On me fait signe en régie que quand on tape "envie de crever" dans Google, ce blog est 8e dans les résultats. J'ai envie de rire et en même temps de regarder ailleurs. Quoiqu'il en soit...non en fait rien.

Donc aujourd'hui, c'est un peu particulier : à partir de maintenant, plus d'histoires et moins de vi(d)e. Moins, pas plus du tout, mais quand même.

Un personnage au lieu d'un semblant de personnalité. Plusieurs personnages en fait. Peut-être même que je devrai créer une maison de poupées comme Balzac. Et des fiches avec des notes qui font semblant d'organiser quelque chose alors qu'elles ne servent qu'à semer le trouble. Peut-être aussi qu'il n'y aura jamais de suite, c'est facile de tout effacer et de faire semblant de rien.
Mais pour le principe, ça vaut le coup d'essayer. De toute façon, il fallait que ça jaillisse, c'est comme ça. En ce moment, j'écris beaucoup trop. C'est parce que la vie va trop vite et que j'adore ça. Alors je note tout pour ne rien oublier, parce que les images ne font pas tout et que ça serait bien de pouvoir y repenser un jour. Plus tard.

C'est parti.


" La première soirée que tu m'as proposée, j'ai du refuser. Pas le cran, pas l'envie. La peur de l'inconnu, alors que boire un Breezer pêche en se tortillant vaguement n'engageait pas à grand-chose, on est bien d'accord. A 15 ans, on ne saisit pas l'importance des choses. Résultat : j'ai loupé le coche. Pour toute la suite. Un peu comme quand on rate le premier cours d'un module technique sur les presses à velours, c'est-à-dire LE cours qui explique ce qu'est une presse à velours. Tu ne m'as pas tourné le dos pour autant mais tu m'as regardée autrement, comme si j'étais restée dans le passé, avec mon jeans mal coupé, mon pull aux genoux et ma coupe de cheveux à la con. Et que toi, avec ton maquillage mal foutu et tes t-shirts trop moulants, tu fonçais droit sur l'horizon. De l'autre côté. Tu as insisté pour que je te prête des fringues alors j'ai accepté.

- De toute façon, ça m'ira mieux qu'à toi.
- Le pire c'est que tu le penses.

C'est con mais avec mes fringues sur le dos, tu m'as apporté un peu de la première sortie que je n'ai jamais eue. Quand tu me les as ramenées, ça sentait un autre monde, même après lavage. Je pressentais que c'était tout un univers que je n'allais qu'effleurer de trop loin, sans jamais le connaître à fond. Quoiqu'il 'en soit, cette soirée a fini par un viol, si je me souviens bien. tu m'as raconté l'histoire de cette pauvre fille en faisant semblant d'être désolée pour elle, vu qu'à 15 ans on ne mesure pas encore la portée de ce genre de choses. Tu avais l'impression d'avoir vécu un grand moment, d'avoir participé à l'Histoire. Tout ça parce que tu sirotais ta connerie à la pastèque en alternance avec des regards complice lancés à des boutonneux de notre âge. Et tu vas rire mais ça m'a rendue jalouse. Il m'arrive encore régulièrement de songer à ce qu'on serait devenues toutes les deux si tu avais réussi à m'enrôler ce soir-là. Mais quand je nous vois aujourd'hui, je me dis qu'on aurait largement pu faire mieux... "

A suivre?


mercredi 30 avril 2008

Regret is part of your name.

















On the only piano

Wrote the fuckin' concerto.
Tomahawk - God hates a coward



Et quand c'est écrit "Become a fan?" puis "You're a fan" sur Facebook, ça me plaît. Ça devrait être aussi facile que ça dans la vraie vie en pas azerty.

Si ça marchait pour les souvenirs, ça m'arrangerait bien d'ailleurs...

"Wanna remember last month?"
"Yeah, bring it on!"

Mais ça ne fonctionne pas des masses, pour être honnête.

Bientôt 6 ans que ma mémoire déconne et que j'oublie les trucs importants. Ou même pas importants en fait, juste les trucs. Tout y passe : la liste des courses, les syllabi avalés, les anniversaires, les soirées, les "tu viens de dire quoi là?".

TOUT.

Un peu comme si j'avais la structure métallique mais sans le rembourrage. Sans les fioritures, sans la vie quoi : le titre dépourvu de son ouvrage.

Une méthode relativement efficiente, c'est celle du (parcours)². C'est-à-dire qu'il faut se retaper le chemin en sens inverse et bien regarder autour de soi pour essayer de grappiller des bribes du passé, en se baladant avec un tube de Pritt mental.
Parfois un objet peut être un déclic et entraîner une association d'idées. Si on empaquette le tout, on arrive à une presque réminiscence, bien que synthétique. Mais le doute subsiste toujours, vu que le deuxième parcours ne peut logiquement que se trouver influencé par des stimuli différents de ceux du souvenir qu'on essaie de récupérer. Et on ne peut bien sûr jamais refaire exactement le même parcours deux fois...

Tendu, hein? D'où l'utilité de créer un backup, plus communément appelé "album photos" au quotidien.

Voilà pourquoi j'ai 5000 photos sur mon disque dur et que ça emmerde/fait rire les gens.
Cette manie peut paraître pouffisante de prime abord mais c'est devenu un axiome sur lequel ma vie sociale repose. Un succédané du Nootropyl®.
La photo me permet de rattraper tout ce qui ne s'est pas passé, donne l'illusion que le moment saisi a été plein de rebondissements, de têtes, d'instants magiques.

La fête n'a déjà commencé que trop tard, autant ne pas en perdre une miette. Chaque pixel est une donnée interne qu'on ne me volera pas. Qu'on ne rendra pas non plus, mais bon. Il est parfois bénéfique de créer une bulle de monde autour d'une photo, juste histoire de se mentir un peu et de transformer la vérité. De toute façon, un souvenir est forcément bien plus subjectif qu'objectif donc si l'angle de vue se trouve décalé de quelques degrés, ça ne changera pas grand-chose au final. Au pire, l'image nous arrachera un sourire. Ou une larme, un mordillement de lèvre.

Ça marche aussi avec la musique mais moins. Ou alors juste pour l'ambiance, juste pour le goût. Quand on remâche les notes on peut en déduire des impressions, des regards furtifs, des éclats de rire.

Mais attention, tout moment n'est pas bon à reconstituer. Je n'ose même pas imaginer le nombre de données négatives qui se sont évadées de mes tupperwares mentaux...mais ça me fait du bien d'y croire quand même.

Si ça se trouve, le processus s'inversera vers mes 70 ans, quand il s'installera chez les autres.

Vivement.


vendredi 18 avril 2008

Speak for yourself and they'll speak for you.


















It's the grooviest thing,
It's the perfect dream.
The Cure - Love Cats




Ça ne ressemble à rien, une fois de plus. Et bordel que j'aime ça. C'est ma sale habitude de couvrir la vie par de la musique trop forte.

Prendre le tram à 7h du mat' et regarder les gens tenter d'émerger, tout en écoutant Snot ou même Billy Talent, ça a quelque chose de féerique. Oui, "féerique" est à sa place.

Enchanteur et un brin malsain, tant la réalité est biaisée.
Plus c'est décalé, plus j'aime ça.

En fait, les chansons devraient posséder le pouvoir de changer le cours des choses. Parce qu'on ne vit pas Bruxelles en octobre, sous la pluie de surcroît, de la même façon selon que l'on écoute la B.O de Requiem for a Dream ou "Chelsea Dagger" des Fratellis. C'est un peu une manière de commander ses états d'âme à la carte, tout dépend de l'état dans lequel on souhaite se mettre. Donc il serait bien légitime que les notes et ondes aient une incidence sur la vie en général et pas uniquement sur nous.
La mélodie deviendrait une façon de modifier à l'infini les choses périssables, les émotions, les repères.

Le principe de base, c'est de monter le son au maximum, histoire de recouvrir la vie.
L'autre vie. Parce que la musique, ça divise. Deux univers de banalités, deux hémisphères de normalité.
Sauf qu'il y en a un des deux qui préfère masquer les sons de la rue.
Les cris des enfants chiants.
Le bavardage intempestif des vieux.
Les engueulades des couples pas heureux.
Tout disparaît sous une couche de "Lovecats" des Cure.
Ça n'a l'air de rien comme ça mais ça fait toute la différence.

Si l'on se pose deux secondes, que l'on bloque le temps, on devient spectateur. Voyeur de la normalité. Mais celle des autres.
Où le moindre geste est sorti de son contexte rendu inaccessible par les décibels, brillant alors par sa connerie et son inefficacité.
Où l'on prend conscience que l'on ne vaut pas mieux qu'eux et merci bien.

Chaque déplacement devient une bulle, qui crève dès que je dévisse mes écouteurs. Mais une si belle bulle, tellement synthétique et dérisoire... A tel point que même pour cinq minutes, ça en vaut la peine. Une esquisse de détournement, l'amorce d'une digression : bref, l'échappatoire éphémère mais indispensable dans une journée.

C'est con mais ça me rend heureuse. Avoir un bête sourire collé sur la figure, juste parce que personne ne comprend la même chose que moi, ça me fait plaisir. Et me donne envie d'aller plus loin, histoire de voir si je rirai autant après. On lance les paris?


vendredi 11 avril 2008

Stand up and admit.




















Cast off the crutch that kills the pain,
The red flag wavin' never meant the same...
Billy Talent - Red Flag



Il fut un temps naguère d'autrefois, j'aurais du écrire des trucs en-dessous ou sur des images qui vendent des trucs.
Copywriter on appelle ça. Genre on pourrait croire que c'est le mec qui trace de petits cercles parfaits autour des "c" mais en fait non, ça aurait été trop facile.

LE truc qui me manque dans la pub, c'est le brainstorming.
Le "tempêtage de cerveau", quelle belle invention.
Ça permettait de pouvoir dire à peu près n'importe quoi tout en faisant semblant d'y réfléchir vraiment et en mangeant des croissants.
D'avoir l'air intelligent pour pas cher.
De se libérer la tête de mots trop encombrants car relativement inusités, comme "contextualisation" ou "conceptualisation" et de les jeter à la tronche du premier venu en prenant un air de connivence avec ... personne en fait, juste une private joke unilatérale quoi.

Mais maintenant que j'ai quitté ce secteur sans jamais y être vraiment entrée, les mots se bousculent à nouveau dans ma tête. Il y a un bon gros stock de 2 ans disséminé dans ma boite crânienne et forcément, ça déconne à fond de balle.
Avant, les mots flottaient, nageaient, s'envolaient pour aller se poser sur la table de la salle de réunion ou sur un cahier Atoma défoncé. Ils y restaient et vu que l'on prenait de la distance et que l'on menait chacun sa vie, on était en très bon(s) terme(s).

A présent, ils collent.
Ça fait comme une grosse purée de mots, un stoemp de syllabes et ça ne va plus. On peut les prendre, les rouler, les malaxer mais sans plus jamais pouvoir les décoller et a fortiori avoir les mains propres. Ils sont de trop. Ce qui pose problème ... car la rétention de mots s'est transformée en insomnies.

Au moment d'aller dormir, les mots tourbillonnent et se relaient pour m'empêcher de sombrer, l'un me heurtant l'épaule, l'autre me donnant une pichenette sur la tempe.

Pendant le sommeil, ils hurlent dans tous les sens, ricanent en se bousculant les uns les autres, tout en rebondissant sur les contours de mon crâne. Ce qui donne lieu à de bien étranges rêves, où par exemple tous les gens qui mangent des pistaches s'évanouissent puis chuchotent "Vanilla ice, ice, baby".

Et au réveil, ils atteignent le paroxysme du sans-gêne. Ce qui implique donc de systématiquement se réveiller à 7 ou 8 heures le samedi. Pour penser à rien. Enfin, surtout à tout mais vu que ça se mélange, ça ne rime à rien.

Parfois je me dis qu'il faudrait que j'arrête de les écouter, que je les écrase un par un comme des moustiques, avec la paume de la main. Mais ça donnerait une couche de mots morts car improbablement biodégradables et je ne suis pas sûre que ça vaille vraiment mieux.
Alors tant qu'on n'aura pas inventé le Baygon Mind, je garde la migraine et les cernes maladifs...


mercredi 2 avril 2008

I feel stupid. And contagious.


















Let's go and throw

All the songs we know...

The Cure - Love Cats




Bordel, je ris. Ca va faire 4h que je ris. Juste comme ça, par envie. Par décision, plutôt.

Ça doit venir du fait que d'habitude j'encaisse, avec élégance et décontraction. Et ulcère.
Mais j'encaisse.
Sauf qu'aujourd'hui pas.

Mes nerfs frisent, mes synapses crépitent et ma rate fait des jumping jacks.

Ça me donne le même bête sourire que lors des soirées où on est sur le point de trop boire et que la brume n'a pas encore tout à fait envahi le cerveau. La même brume qui se transformera le lendemain matin en brouillard puis en névé bien dense sur l'estomac, obstruant les sinus et incitant aux regrets et serments de sevrage les plus divers. Mais ça c'est un autre problème.

Ici, ça reste léger.

C'est un peu comme si toutes les fenêtres s'ouvraient au même moment pour orchestrer le plus spontané des courants d'air.

Tout ça parce que c'est trop. Mais c'est une race de "trop" bien particulière.

Par exemple, il ne s'agit pas de remettre en question le droit d'en revendiquer toujours plus, de s'interdire la lassitude. Un peu comme si on allait regarder la carte d'un resto en sortant à peine de table. Histoire de ne pas gâcher une opportunité, de ne pas passer à côté de quelque chose de plus somptueux. Parce qu'on ne sait jamais.

Non.

Le "trop" dont il est question aujourd'hui est né du fait que je crois que l'on ne tolère jamais tout. Même si on a envie d'y croire.
C'est d'ailleurs encore pire quand on se force à avoir la patience et l'endurance d'un autre en prime car ça ne se lève pas au carré ces choses-là.
On a beau dire mais il y a un moment où on ramasse. On se planque pendant des jours, des mois puis on s'aperçoit qu'on a mordu l'intérieur de nos joues et le bout de nos doigts à sang. Que l'on a de plus en plus de tics nerveux et qu'on sursaute quand quelqu'un nous parle. En fait ça serait bien d'accepter mais si possible sans devoir ravaler son cœur.

Le problème, c'est que souvent, la vie est un peu comme un mec en slim : pas comme elle devrait être. Un coup de couteau dans un contrat imaginaire, une trahison.

J'aime bien Montaigne et sa conception de l'amitié.
"Parce que c'était lui, parce que c'était moi". C'est bien résumé.
Sauf que si l'on part du principe que l'on n'existe qu'en fonction de l'autre et par mécanisme d'empathie, par volonté de s'éviter un bide, c'est un peu du flan parce que ça voudrait dire qu'il y a une variété infinie de "lui" et de "moi". Ce qui est certes vrai mais en partie seulement, du moins à mon avis. Enfin j'espère que l'on garde quand même une part d'intégrité indépendante de toute interaction sociale. Quoique.
Ça voudrait dire que l'on ment et que l'on se ment toujours un peu, vu qu'il faut s'adapter à l'autre et qu'a fortiori on empêche notre véritable nature de s'exprimer à 100%. Parce que ça existe ce mode de communication?

BREF, on ne va pas chipoter.

Le côté positif c'est que ça laisse un panel de possibilités assez intéressantes d'un point de vue imaginaire. Vu ce que ça détruit dans la réalité, ça peut bien me direz-vous.

Parce que ça veut surtout dire que l'on ne sait jamais ce que ça aurait pu donner si l'on avait changé l'un des deux termes.
Et ça, j'aime bien.
Dans ma tête, ça se traduit par le fait qu'on a le droit de rêver à l'improbable.

C'est cette conception de la vie qui me donne envie d'écrire des trucs romantiques à pronostic réversible et de pouvoir encore avoir les tripes de m'indigner de quelque chose.
Ça me donne envie de démultiplier mes souvenirs et valeurs en les modifiant, comme un kaléidoscope un peu taré...même si une partie de ma conscience me hurle délicatement d'arrêter de vivre dans un autre monde.

Peut-être qu'un jour?
Non?

Photo : "The Double Eye" d'Olafur Eliasson qui est danois bien qu'il ait passé son enfance en Islande et ça c'est beau.


mardi 1 avril 2008

Oh just go nameless.






















J'ai comme envie qu'ça soit terrible
Et qu'ça s'passe juste en bas d'chez toi.

Mano Negra - Pas assez de toi




Un peu comme si tout avait disparu. Pour quelques heures, ok. Je sais que ce n'est que pour quelques heures. Mais c'est déjà énorme. Bordel, ça fait du bien de respirer enfin.

Peut-être que c'est ça de comprendre. De comprendre que rien ne sert d'attendre et d'entendre, qu'il faut juste vivre. Ça a l'air un peu baba-bobo comme ça, mais à regarder de plus près leur business plan, ça se tient. Surtout si on n'est pas regardant question long terme. Le long terme point de vue santé mentale c'est bien hein, rien à dire, mais de temps en temps un petit achat impulsif, une petite tête de gondole bien flashy, ça ne nuit pas. Un coup de folie, une minute d'inattention volontaire.
Après tout, c'est grâce à l'instabilité que l'on arrive à mesurer cette foutue stabilité.

Et puis c'est lassant de toujours se retourner, de se péter les cervicales et les dents.

Au nom de quoi, finalement? Repenser à l'impensable, ça n'avance à rien. Peindre en rose une réalité absente n'a jamais fait ses preuves...

On dit que l'on apprend de ses erreurs, mais j'ai un doute là-dessus. C'est humain de vouloir refaire la même connerie. Par entêtement, par espoir en la nature humaine. Par hasard. On change un ou deux paramètres, on rééquilibre les bits et on voit si la force résultante nous atteint à la gueule avec la même intensité qu'auparavant. Tout en évitant soigneusement de penser que c'est la 4e fois qu'on se mange la vie. C'est bien légitime.

Voilà en gros ce que m'inspire la STIB.
Parce qu'écrire dans un tram a toujours été une hygiène de vie, tout en jetant des coups d'œil aux autres passagers de temps en temps bien sûr. Des centaines de gens que l'on ne reverra jamais et qui voyagent avec une belle mine de malade du foie, vu la couleur des sièges en skaï se reflétant sur leur épiderme. Ça me donne envie d'imaginer leur vie, d'imaginer ce qu'ils auraient du être et à quoi ils pensent, le regard courant sur les rails au rythme de la pluie.

Dans les transports en commun, tout le monde se fout de tout, tout le monde pense à sa vie, tout le monde est en proie à un dilemme interne et intense. L'égoïsme en jaune et bleu, rythmé par le son de la carte qu'on pointe, du "pardon" esquissé du bout des lèvres, de l'arrêt qu'on demande.

Il faudrait vraiment résilier mon abonnement...


dimanche 30 mars 2008

We should have each other with cream.























21 was not a good number,
Conversation lost its hate anyway.





Merde, je tremble encore.

Envie de pleurer, de hurler et de rire en même temps. Selon un principe basique de la rhétorique, c'est le dernier terme que l'on va retenir. Bien. Mais je ne sais pas qui l'emportera vraiment. On dirait que mon cerveau a abandonné. Mon cœur aussi en fait. Ne plus avoir envie de rien, ça devient une solution. A court terme, d'accord, on y revient toujours.

Encore heureux que les histoires de princesses à la con n'ont jamais eu de prise sur moi.
Du moins, en surface.
Du moins, j'aime à y croire.

Comme disait Andy : "Shouting at the world you'll never change, but it's what's inside you've got to rearrange". C'est beau n'est-ce pas? Mais techniquement bancal vu que personne ne croit au changement personnel, c'est beaucoup plus facile de s'en prendre à la globalité vu qu'elle ne contre-attaque jamais.
Alors on dit que c'est quand même possible de devenir quelqu'un d'autre, tout en pensant à autre chose, à une autre vie. Comme si on mettait "mais" puis une virgule. Un double obstacle, une double distanciation.

Tu veux être ma virgule?
Non, hein.

Moi non plus, en fait.

Et ce mec qui me fixe et ça m'énerve. Encore une preuve que le WYSIWYG devrait rester un terme purement informatique.
Mais il ne le sait pas. De là où il est, il ne voit pas que mon palais tremble. Que mes yeux tremblent.

On dit que la douleur pousse à faire les pires conneries.
Qu'elle fausse le jugement et le raisonnement.
Qu'à cause d'elle on bâcle tout et que l'on ne se donne même plus la peine d'aller voir plus loin.

Et bien oui.

Pour une fois je ne vais pas épiloguer ni opposer à ces observations des contre-arguments inutiles et pompeux. Ni chanter "Going Nowhere" en fermant les yeux, les bras tendus prêts à heurter un mur quelconque.

Parce que c'est vrai, tout simplement. Que ça me crève plus que le cœur de l'avouer mais c'est vrai. Un des rares trucs qui me laissent sans voix. Qui me donnent envie de me rouler en boule pile à l'endroit où je me trouve, sans même chercher à me planquer, pour une fois.

Souvent, je me demande pourquoi j'écris.
Et puis je fais semblant de ne pas remarquer que c'est une des dernières choses qui me soient encore permises. J'aurais eu besoin de poings, de cordes, de rythme cardiaque frénétique. On m'a donné un Waterman et un clavier. Pas si mal, non?

How could we miss someone as dumb as this?

C'est de l'énergie même pas brute vu que la syntaxe et l'orthographe, ça comprime un peu la spontanéité. Mais ça reste brutal et c'est ça qui compte.
Comme une pulsion.
J'écris dans mon lit. En cours. Debout dans le métro. Parfois même en marchant, comme dans un cauchemar. Penser à ne pas se mettre de l'encre sur les doigts et ne pas se faire écraser en même temps, ça reste un peu touchy. Encore que.

Ce qui compte aussi, c'est qu'une fois mon carnet refermé, les tremblements disparaissent, il ne reste plus qu'à balayer les papillons crevés qui encombraient mon cœur.


Et ils peuvent revenir quand ils veulent, ce ne sont décidément pas les cartouches qui manquent.


mercredi 26 mars 2008

...and they're all made out of ticky-tacky.






















I'm surprised at how hot honey-coloured and hungry she looks
And I have to turn away to keep from bursting.





En fait, si on considère ça d'un point de vue technique, j'ai eu plusieurs vies.
Plusieurs époques pas vraiment reliées entre elles.
Des lieux, des acteurs, des décors différents.
Des ambiances, des odeurs, des chansons à tout va.

Et quand je repense à ces moments, parfois je ris.
Et parfois j'ai le cœur serré à l'idée que ça ne se reproduira plus jamais, que le fil est perdu, que les paillettes sont ternies. Comme si quelqu'un d'autre avait vécu tout ça, je revois le film et c'est vraiment un film. Tout est lointain et flou, mon double refait, redit les mêmes conneries, les gens s'entrecroisent et tout se mêle.
On ne va pas se leurrer, c'est juste une grosse blague. J'aimerais de temps en temps que tout soit vrai. Mais les souvenirs sont-ils vraiment fiables? On embellit tellement la réalité... Peut-être que l'interprétation à chaud était la bonne à nos yeux. Mais aux yeux des autres? Qu'ont-ils vu, eux?
Où est le vrai?
Et finalement...est-ce que l'on doit vraiment chercher la vérité? Genre, la vie n'est déjà pas assez crade, il faut encore aller s'encombrer de contours foireux, d'ambiances glauques et de détails sordides?

On se ment? Allez, d'accord.

En fait, c'est peut-être ça la clé. De se mentir pour se préserver, de dégriser la réalité. Pour éviter la détresse mentale, le vide. Le fait de se rendre compte que bon. Il n'y a plus rien qui en vaille réellement la peine. Donc autant faire un foin de n'importe quoi pour se meubler les neurones en attendant un événement qui en vaille vraiment la peine.
Si ce raisonnement est correct, ça veut simplement dire qu'on s'emmerde la vie pour rien. Qu'être heureux et juste heureux, c'est trop simple.
Qu'il faut toujours penser aux conséquences négatives qu'un événement positif peut avoir. Parce que quand il n'y a rien à penser, j'ai les sourcils froncés et la jambe droite qui trésaille par intermittence. C'est un peu con.
Alors j'ai arrêté de cogiter dans le vide, parce que ça me rendait trop vieille. Ça me donnait envie de démouler ma tête grâce à une languette, comme les Flamby. Pour en écraser le contenu, après.
Et ça m'empêchait de dormir.
Le seul truc anti-réminiscences nocturnes que j'avais trouvé, c'était l'Actifed.

Bordel, l'Actifed. Mais la version old school hein, pas cette espèce de liquide insipide vendu actuellement. Non, le vrai Actifed, ce cocktail d'anti-histaminiques, de décongestionnant et d'un petit je ne sais quoi qui avait un goût atroce.

Mais qui agissait sur mes neurones comme personne ne l'avait jamais fait.

Un concentré de brume, une coulée de lave soporifique qui léchait les contours de mon crâne, dégommait toute résistance au sommeil et venait barbouiller mon système nerveux central dans le but de me faire tomber comme une masse dans mon lit.
Le sol s'ouvrait et tout s'engouffrait dedans. La peur, la connerie, les syllogismes et les tautologies. Tout.

Et puis un jour des gens ont trouvé que ça faisait trop de bien à la tête mais pas assez à la gorge, vu qu'en fait c'était ça le but premier. Merci la FDA, vraiment hein.
D'ailleurs je suis sûre que c'est de leur faute aussi si tout plein de bons produits ont disparu. Comme les Oreo gras, les Milky Way marrons, les toutes petites boules de mozzarella Galbani, les buns pleins de crasses de Mc Cain, les pizzas à mettre au grille-pain comme les Pop Tarts.
On a même failli perdre le Dr Pepper avec leurs conneries.
C'est un complot. Mais ça donne l'impression royale d'être le seul à consommer ces produits. Et quand ils ont disparu, on se sent con.

On se dit que rien ne comblera ce manque, on tourne dans le Delhaize pendant 2h, on emmerde un mec du réassort même si on connaît déjà la réponse. "Ils ont arrêté d'en faire". "Ils" nous ont trahis.
On se dit que la vie sans gras, sans marron, sans crasses, sans anti-histaminiques liquides, c'est moins drôle.

Et puis on trouve un autre objet sur lequel on transpose notre affection, nos espoirs, notre joie de consommer.

En marketing, on dit qu'on ne crée pas le besoin mais qu'on écoute le consommateur afin d'élaborer le produit qui le satisfera.

J'ai ri à leur blague.

Mais force est de constater que grâce à un lancement perpétuel de nouveaux produits, je n'ai pas construit d'autel à la gloire de l'Actifed, je ne hurle plus en passant devant un distributeur d'Oreo et je ne fais même plus chier Kevin au Delhaize pour lui demander 8 fois "pourquoi?".
Le manque s'est transformé en indifférence.

Parfois, ça a du bon d'être blasé.


lundi 3 mars 2008

So clear but so unheard.




















Although the red light
Everybody knows you cried last night




C'est comme une chanson de jazz... Les balais lèchent les peaux de batterie sur un tempo tranquille et ondulant, une voix un peu cassée s'élève au loin et les cuivres s'en mêlent peu à peu, donnant du corps à ces notes comme posées au hasard sur une partition absente. Une petite averse de piano, une claque de trompette, un coulis de clarinette et en avant. Ça tinte, ça sonne, ça résonne.


J'aime bien le jazz, ça rend nostalgique.


Des fois, il faudrait que j'achète un teckel coupe-courant d'air mental.

Pour empêcher les mots et les souvenirs de partir.
Pour empêcher les images de se dissoudre et de filer en douce en-dessous de la porte pas assez hermétique de ma mémoire.

Ça éviterait pas mal de désagréments, comme par exemple le fait de chercher 3h les mots "soliloque" ou "caroube". Pour rien d'ailleurs, puisque l'essentiel de ces mots manquant à l'appel est strictement inutile, même dans un cocktail mondain. Mais tout de même, ça me perturberait pendant des heures de ne pas retomber sur LE mot ou l'expression adéquate.

Et puis aussi parce que ce doit être phénoménal de pouvoir se souvenir de chaque odeur, chaque couleur, courbe, grain, émotion qui passait par là.

Mais tout retenir...n'est-ce pas un bien pour un mal? J'imagine qu'à ce moment-là, toutes les choses seraient reliées entre elles, les souvenirs fuseraient à la moindre occasion, inopinément et sans lien logique apparent. Chaque parcelle d'objet serait une invitation au souvenir, tout se recouperait alors. Voir un klaxon et ne pouvoir s'empêcher de pleurer la mort de Dali ou de se rappeler le goût des macarons à la pistache, à mes yeux c'est plutôt une tare.
Ça fausserait le jugement, ça biaiserait l'objectivité, rien ne serait neuf ou frais.

C'est un peu être condamné à ne plus rien apprécier comme surprise, à ne plus pouvoir savourer le quotidien tant la nouveauté ne serait qu'une redite du passé, un puzzle, un patchwork de sens reconjugués pour obtenir une nouvelle forme de vie. Un éternel recommencement, un cycle sans fin auquel il est impossible d'échapper jusqu'à la fin de ses jours.


Peut-être que finalement, avoir la mémoire en forme de passoire, ça a du bon. Recommencer 4 fois la même chose sans se lasser, voir un film 2 fois sans connaître les dialogues et les plans par cœur. Pouvoir vivre sans anticiper, ne pas avoir cette impression de déjà-vu, de recuit.


Juste ne pas être blasé et pouvoir encore s'étonner... Finalement, on n'est pas si mal lotis.


mercredi 20 février 2008

Mesmerize my memory.

















All this noise is making me nervous

I feel every slammed door and drunken laugh.
Therapy - Safe





Ça aurait du être lui. Mais après mûre réflexion suivie de vertes désillusions, (em)prises de contact après joutes non-verbales, il a été décidé que c'était Elle. Moins honnête, plus pernicieuse que lui. Plus chiante, quoi.


Plus spontanée et incontrôlable.
Faux mouvements puis franches accolades.
Tantôt froide et impersonnelle, tantôt comme une seconde peau.


Parfois sensuelle, parfois brutale, mais toujours aiguë, comme un coup de dague. En plein cœur. Comme un rappel à l'ordre sans appel : la finesse et les sous-entendus délicats, c'est pour les faibles, n'est-ce pas?


Elle est tout ça en même temps. Le diamant brut et dégueulasse que l'on ne taillera jamais de peur d'y découvrir un crapaud.

Elle c'est moi. Mais je ne suis pas Elle. Un peu comme le coup du carré qui est un rectangle. Je refuse qu'Elle s'installe définitivement en moi, tant qu'il me restera des forces je le refuserai, même si je les sens s'éroder peu à peu, tant Ses arguments portent ces derniers temps. Céder reviendrait à couler puis à remonter à la surface sous Ses traits. Je sais que la transformation est déjà amorcée, pas besoin de miroir pour ça. Des lignes, des angles, des courbes brisées avant même d'avoir pu décoller. Irrécupérables mais surtout irremplaçables. Elle a voulu faire de moi ce que je ne voulais pas devenir.
Et on peut dire qu'Elle a réussi.


J'ai envie de lui dire "merde". Comme à la grande soeur que je n'ai jamais voulu avoir, celle qui vous empêche d'aller à votre première soirée, qui vous pourrit le groove en vous racontant comment on fait la viande des fricadelles : celle qui se croit tout permis.

J'ai envie de lui dire "merde". Parfois, cela fonctionne assez bien, son tranchant s'émoussant sur les dérives elliptiques de mon rire, sur les arabesques de mes sourires. Alors là, Elle me laisse.

Pour mieux me reprendre après.

Mais paradoxalement, c'est Elle qui m'a appris à plonger, creuser dans les traits des autres, à écouter ce qu'ils ne voulaient pas me dire. C'est grâce à Elle que j'arrive à rire tout en hurlant, à pleurer tout en poursuivant une conversation, à courir tout en regardant le mur droit dans les yeux sans ciller. Pour La défier. Avec toute la rage qu'il me reste.

En partie grâce à toi.

Vu qu'aujourd'hui vous êtes plusieurs, j'ai envie de vous dire "tu", ça fait plus cosy et synergie de groupe.

J'ai tant de choses à te dire, tant de poings à te rendre. Un jour, en bonne geek bien éduquée, je te ferai une FAQ list pour que tu comprennes enfin à quel instant tu passes subrepticement de compassion déplacée à cruauté sans nom.

Que tu prennes conscience du fait qu'un mot blesse plus qu'une gifle.

Que tu prennes conscience qu'aucune de tes excuses ne tempérera la fièvre que tes paroles m'ont donnée.


Tu m'as un jour suggéré de voir la vie autrement...

Je devrais te dire de songer à ce que ça fait de toujours se dire "il y a pire" alors qu'on sait que ça ne panse rien d'y penser.

Je devrais te dire d'imaginer ce que ça fait d'effrayer tout le monde, rien qu'avec des pupilles dilatées par la rage et l'impuissance, noyées dans les étoiles mortes.
Mais à la place, je vais juste rire.

C'est tout ce qu'il reste.


jeudi 7 février 2008

Run away ... and give me your sneakers.



















I met a strange lady : she made me nervous
She took me in and gave me breakfast.
Men at Work - Land down under




Les larmes tombent dans mon café. J'avais espéré une quelconque réaction chimique miraculeuse, une pluie de paillettes ou une intervention divine pour éponger cette exubérance lacrymale, mais non.

Encore une preuve que chialer est vain, vu que même le café n'en a rien à foutre, alors qu'il devrait se sentir un minimum concerné vu que c'est le premier à nous voir moches et gonflés le matin.

Encore l'impression de ne pas être à ma place, mais cette fois-ci ça m'a l'air réel d'un point de vue presque propre vu que j'ai vraiment l'impression de m'être trompée de local, voire de dimension. L'espace d'un court instant, j'ai eu envie d'aborder l'une des 180 filles présentes (fac de philo, est-il besoin de le rappeler?) pour lui demander si ce local fleurant le plomb était bien le bon, mais elle n'avait pas l'air gentille. Pour tout avouer elle me regardait comme si j'étais Sartre régurgitant des pompons au lieu de n'avoir qu'un banal haut-le-coeur. C'était elle ou ce jeune premier qui m'exaspère avec sa coupe à la "Comment vont tes stock options?"...

Tant pis, c'est un risque à prendre.
Théoriquement, il devrait s'agir de communication d'entreprise, mais si c'est "Diégétique structurale des nombres premiers en exégèse", ça ira très bien, après tout on n'a que ce que l'on mérite. Un peu comme quand on demande un jambon de Parme-mozzarella et qu'on se ramasse un thon arménien aux pruneaux.
Pas le temps d'esquisser un sourire condescendant que le prof a déjà son micro-cravate, je dois donc interrompre Andy qui me hurlait "Hey lil girl, wanna go for a ride?" dans les oreilles. Diane attendra. La vie attendra.


En m'inscrivant à l'ULB, j'avais cru qu'il serait facile de rencontrer des gens dans cette somptueuse réserve naturelle. 20000 têtes pour ce cheptel indiscipliné mais pluridisciplinaire, un flot de paroles intarissables en théorie. Effectivement, on se rencontre. On discute 2h histoire de faire passer le temps. On se quitte en rigolant puis on se rend compte que l'on ne connaît même pas le prénom de l'autre. Mais ça a tout de même quelque chose de grisant de passer aussi inaperçu, de n'être qu'un objet de socialisation, un outil, un passe-temps. La quintessence du Rubik's Cube communicationnel a pris ses quartiers à l'ULB, et ce n'est pas un postulat. Si un visage ne vous plaît pas, il suffit de tourner l'un des éléments du cube : en gros, on se retourne et on tente d'aviser un personnage un brin plus avenant. Tout en sachant que les couleurs ne s'assembleront jamais parfaitement : on balance une vanne puis on se casse. Une couleur sur une pièce, un étudiant sur une chaise : même combat. Il faudrait que j'arrête de penser à ça, après tout il n'est question ici que de CRM et de décentralisation sélective, rien de bien méchant, somme toute.

Tandis qu'on nous assène que "On ne badine pas avec les OPA" et que "Outsourcer, c'est la clé", je me dis que reboire un café serait divin...

Comme ça, la boucle sera bouclée.