samedi 28 octobre 2006

...doesn't care about the crash!
















La salle de l'AB est comble, de la fosse aux balcons, et une nuée d'électrons libres semblent se matérialiser sous nos yeux, tant l'atmosphère est déjà saturée d'impatience...

Les Infadels ont déjà bien chauffé la salle, au cri de "Love like semtex", "Topboy" ou "Can't get enough". Les membres du groupe révèlent une énergie et une assurance agréablement surprenantes par rapport au ton posé et structuré de l'album. Que du bonheur!

Une courte pause et Vitalic débarque alors, silhouette longiligne toute de noir vêtue, et s'installe aux platines sans autres formalités. Sur une toile transparente sont projetés imprimé léopard, étoiles et squelettes de chevaux: on est vintage ou on ne l'est pas!

Le beat s'installe dans la peau et les os, progressif et dynamique, pour atteindre son apogée dans la montée anthologique de "My Friend Dario", saluée par un gigantesque saut collectif de la foule hurlante et comme en transe.

Une heure de set à dégouliner dans la symbiose générale, à fermer les yeux, renverser la tête en arrière afin de savourer l'instant présent et tenter de conserver une parcelle de ces vibrations électrisantes...

Seul bémol: une heure c'est bien trop court!!


mardi 24 octobre 2006

The word is on the street.























A golden bird that flies away,
A candle's fickle flame.
Cake - Never there




Une vague connaissance (environ 1m90, cheveux grisonnants, yeux verts sales) m'a suggéré que l'amour, c'était un peu comme le tapis roulant d'une caisse de supermarché, et que finalement l'entierté de ce concept mercantile était applicable à loisir à ce sujet si souvent décrit et décrié.
Au départ, l'idée m'a semblée un peu capillo-tractée, mais enfin, pourquoi pas?


C'est là que j'ai fermé les yeux et me suis laissée entraîner dans cette chimère de consommation frénétique...

...pour me retrouver plongée dans une vaste sphère über-lumineuse entièrement tapissée d'articles.

-Kassa twéééééé

Tout m'aveugle dans un premier temps, mais ensuite les formes et slogans m'apparaissent un peu plus clairement. Les murs sont peints d'un rose dégoulinant, le sol est recouvert d'une feutrine pourpre, élimée et maculée de résidus non-identifiables. L'ambiance se trouve gentiment égayée par de suaves mélopées dignes des ascenseurs new-yorkais les plus prisés.
Les réjouissances semblent pouvoir commencer.
Une date de péremption furtivement entrevue me permet de situer l'époque: nous sommes en 1999. Un point pour la date, seulement voilà: où aller?

Les autres clients ont l'air de savoir ce qu'ils font, je me dois donc de les suivre...pour bien vite me rendre compte que chacun a son propre comportement d'achat et que copier sur mon voisin ne me servira décidément à rien.

-Dites madame vous exagérez, vous avez oublié de peser vos poireaux...

En effet, le consommateur caméléon est ici représenté dans toute sa splendeur: la situation dans laquelle le consommateur potentiel évolue est alors déterminante. Qu'il s'agisse d'un moment de la journée bien particulier, d'un point géographique, de sa situation familiale ou de la personne qui l'accompagne, le prospect se doit de choisir le produit le mieux adapté à sa situation physique et morale présente.
En d'autres termes: autant acheter ce qui clinque, on verra ensuite pour le service après-vente.

Cette optique de moyen-terme ne me sied pas du tout, mais l'économie de marché a raison de moi et je choisis un peu au hasard un produit de terroir à l'emballage peu attrayant...mais qui m'a l'air solide. Pour un premier achat, autant rester modeste.

Vient le moment tant attendu de passer à la caisse... Le tapis roulant est comme moite et englué de quelques feuilles verdâtres, la caissière est rougeaude et peu amène, et tout cela sonne comme un avertissement: "casse-toi tant qu'il en est encore temps! ". Etant encore fort jeune et influençable, à la vue des autres clients tellement satisfaits et sûrs d'eux, je décide de justesse de ne pas me raviser et d'assumer mon achat.

-400g... Il y en a un peu plus, je laisse?

Avide de savoir et curieuse de cet environnement nouveau, j'observe cependant attentivement le reste de la clientèle...

Certains semblent avoir trouvé le truc et déposent nonchalament leur panier à la caisse pour ensuite partir à la quête de leur article. Ainsi, leur place est conservée dans la file et ils ne perdent aucun temps.

D'autres dépassent l'entierté de la file et bourrent dans les jambes des gens avec leurs caddies. D'autres encore laissent passer une ou deux personnes, histoire probablement de se donner le temps de réfléchir.

Pour terminer par ceux qui comme moi se précipitent, le sourire aux lèvres et l'air niais de quelqu'un qui est fier de jouer avec des allumettes.

Une fois sortie de la torpeur de la pulsion d'achat, la réalité se rappelle à mon bon souvenir.
Matériaux défectueux, allergies, promesses non-tenues: multiples sont les déconvenues, et cela je m'en rends bien vite compte. Seulement voilà, retourner au magasin est tout de même un signe d'échec pour bon nombre d'entre nous, tant est si bien que je préfère donner un ou deux petits coups, secouer énergiquement, plutôt que de rendre cet article auquel je me suis attachée au fil du temps malgré son ingratitude.
Après quelques années, le poids de l'inefficacité se faisant trop lourdement ressentir, j'en viens à partir à la recherche de la fameuse garantie...que je ne retrouverai bien sûr jamais: encore aurait-il fallu en recevoir une!
Mon choix se portera donc sur la mise en liberté de l'article, dont la texture et les capacités s'amélioreront dans des proportions indécentes une fois qu'une autre personne se sera portée acquéreuse.

Ainsi va la vie dans les F1 et autres surfaces de vente communément décrits et analysés par GfK et Kotler, inconscients que pour au moins deux jeunes belges, cela revêt un tout autre sens.

Le bilan de cette expérience me laisse comme un goût amer prononcé et un poids sur le coeur. Des "plus jamais" et autres "si j'avais su" fleurissent sur ma conscience et mon innocence pour ne jamais me laisser en paix. Une partie de mes illusions concernant la publicité et le monde de la consommation vient de s'envoler et je me jure désormais de ne plus y prendre garde, d'étudier le produit sous toutes ses coutures... Facile à dire.

La prochaine fois, je commanderai une pizza.


samedi 21 octobre 2006

Day, my, day, my.















Ce fameux jeudi avait mal commencé:

- un réveil gracieusement offert par Cuir n°1
- des paupières toujours lourdes à 14h
- un cours de droit de la communication mentionnant que "pour autant que le droit de l'émetteur soit menacé, alors oui, la censure est préventive, à titre d'urgence provisoire évidente."

Melting pot de déconvenues, vous en conviendrez.


Il y a des jours comme ça, je ne comprends pas.
On se dit que l'on a tout pour être heureux: une famille adorable, toute de miel enrobée, des amis dégoulinants de propositions de sorties et d'attentions choyantes, des études passionnantes, etc.
Ca bien sûr c'est la vision american-dreamisée, aperçu réconfortant bien que stroboscopique d'une réalité en demi-teinte lorsque, comme le dit si bien Umut, "on s'est un peu trop laissé pleuvoir dans le cul".

Tout est éphémère et désarticulé: fast food, fast day, fast night. Le lendemain on recommence et...

Le positivisme forcené, j'ai déjà tenté. Mais il faut bien admettre qu'au bout d'un moment, la chantilly garnie de sprinkles fait vomir. J'ai beau essayer de me dire qu'il ne s'agit que de 3 pauvres années, 3 années pour déterminer 40 ans d'une brillante carrière de reporter intrépide en tailleur Chanel, il y a comme des ratés dans la mécanique implacable de l'avenir. La rhétorique universelle du bonheur, c'est bien, le concret, c'est mieux.


Petit rappel des faits:

L'atmosphère est lourde, crayeuse, saturée d'Anaïs-Anaïs et de fumet de fauve estudiantin. Il flotte dans ce vieux local de la fac de philo comme une odeur de tabliers noirs amidonnés et d'encre de Chine hors d'usage. A la seule vue de l'étalage digne d'une succursale de Phonehouse sur chacune des tablettes, la réalité me rattrappe soudain et me hurle à l'oreille "On est en 2006 et tu ne glandes rien, connasse!". Je n'ai pas ri à sa blague, pour la raison que cette voix n'a pas tort.

Il est 14h30, je suis vaguement avachie sur une planche de bois à l'ergonomie douteuse, censée m'aider à affronter la cruelle réalité d'un cours de droit dont l'humour m'échappe quelque peu.


"Et alors je lui dis: mais Mr Le Juge, vous n'y pensez pas!!!" (rires confortants)


Un rapide regard aux étudiants alentours me permet de m'assurer que si leur rire a des accents de connivence légèrement condescendante, leur regard est aussi torve que le mien, reflet de la question que nous nous posons tous rituellement: comment peut-on décemment assumer cette branche et blablabla.

Je vous ai déjà dit que je n'aimais pas le jeudi?

En primaire, c'était le jour de la piscine, moment de désespoir intense, où, boudinés dans des maillots ridicules, le crâne enserré d'un bout de tissu aux couleurs de la Norvège, nous tentions vainement de garder un semblant de dignité malgré la morsure du chlore et l'injonction latente de "faire comme si on était un dauphin altier".

Comble de la Loi de Murphy, découlant pourtant d'une certaine logique: le jeudi, jour de piscine, était également synonyme de jour du poisson chez mes grands-parents. 12 ans durant, malgré moult récriminations, nausées feintes et autres excuses, ce foutu animal s'est retrouvé étalé dans mon assiette, planqué sous une tonne de frites pour la peine. Un peu comme si on disait "connard" en rigolant: les féculents huileux devaient adoucir l'ignominie de la chose.
Comme tout adulte responsable né dans les années 20, mon grand-père avait du penser que tous les enfants qui ingurgitaient leur kilo mensuel de dorade au mercure auraient leur place à Harvard. S'il me voyait aujourd'hui, il se gausserait: forme humaine quelconque par trop alanguie sur un brouillon d'article et non des notes de cours, saucissonnée entre deux élèves comateux aussi peu soucieux que moi de l'enjeu des études universitaires, je dois offrir un bien pathétique spectacle.


- C'est chiant hein?
- Jamais vu ça :|


On me dit souvent d'arrêter de me rabaisser et de faire un drame de tout: force est de constater que ça marche.
Pour les autres.

Seulement voilà, j'aime me torturer.
J'aime sentir mon sternum se contracter sous l'impulsion de dilemmes inutiles, voire totalement imaginaires, tout comme j'aime trouver la solution d'un problème qui n'en est pas un.

Par ennui? A coup sûr. Mais par besoin de me remettre en question, surtout.

Même si de prime abord on peut me trouver fataliste, l'envie d'avancer, de réussir est bien là, même si les barrières et freins concordants le sont également. Comme dirait Pérusse:
"Alors t'es prêt? Ouais!! Ca va?! Ouais!! Alors on y va! Ok..."

La fatalité, c'est trop simple. C'est attendre de se prendre quelque chose sur le coin du museau, puis souffrir pour ensuite se dire "ah, je le savais.". En marketing, on appelle ça un écart entre le front et le back office. Mais je dirais plutôt que c'est de la connerie, histoire de nuancer un peu.

L'important est de trouver le juste équilibre entre audace inconditionnelle et passivité amorphe.

En fait, j'ai juste envie d'aller de l'avant même si tout me traîne et m'entraîne en arrière. Des mois, des années en arrière.
Oublier, pour faire un loft design d'un vieux pâté de Lego en plomb.


- Après on a deux heures de film!! Cool...
- Oui, "De l'hégémonie structurante de l'utopie collective au socialisme forcené"
- ...


Paradoxalement, l'envie de bouger se couple à celle de rester atone au milieu des flots. Pour récupérer. Se ressourcer. Autrement dit, s'arrêter de temps à autre sur le bas-côté et contempler, grapiller ça et là des parcelles de tranquillité, réconfort et amusement, aussi infinitésimales fussent-elles.
Malgré les périodes de doutes et d'adaptation, de transition absente au changement d'environnement le plus total, se poser et rire un coup. On en revient toujours à la même chose: trouver du positif dans un tas de merde.

Ne pas forcément s'escrimer à entrapercevoir le bout du tunnel, mais avoir connu, l'espace de quelques mois ou années le sentiment rassurant d'avoir fait quelque chose pour soi, par sa propre volonté et non par convention. Et ce malgré l'acidité embusquée des remarques déjà esquivées et à venir.

Vivre pour soi, bordel, et sans se retourner.
Juste une fois.


Voilà aussi pourquoi je n'ai jamais aimé le jeudi: c'est le jour où l'on a beaucoup trop de temps pour réfléchir à des résolutions parfois trop dures à tenir...


vendredi 20 octobre 2006

Countin' bodies like sheep.



















I said, "Do you speak-a my language?"
He just smiled and gave me a Vegemite sandwich.
Men at Work - Land down under



Ce qu'il y a de bien avec Blogger, c'est que pour poster un nouvel article, il faut cliquer sur "créer", ça donne un sentiment de supériorité suffisante.


Bref.


Hier, suite à un malencontreux concours de circonstances, j'ai été en cours, et comme ce n'était vraiment pas suivable, j'ai écrit.


Et pas qu'un peu.

On peut même dire que c'est comme un long lac de mots. J'avais envie de dire "logorrhée", mais "logos" c'est la parole, et malheureusement les mots ne m'échappent que grâce à l'inclinaison plus que vertigineuse de la tablette de 15 cm de large du Janson, et non par mes lèvres ornées d'une couche de Glamshine putassier.

Donc rassurez-vous, tout a une fin et les postes se feront sûrement rares pendant les 6 mois suivants, histoire de faire bonne mesure comme d'habitude!


Etant donné que ma vie n'est que le succédané de ce qu'elle aurait du être, rien de plus qu'un embryon incolore engendré par un conglomérat de faits divers (oui, comme dans la DH) dépareillés plus banals les uns que les autres, j'ai décidé d'opter pour la pseudo-fiction post-romancée à pronostic réversible.
Autrement dit, parfois ça sera vrai, souvent ça ne le sera pas.

Je veillerai bien sûr à ce que mes propos se contredisent et à ce que les anachronismes s'entremêlent en un ballet ridicule, le tout sur fond de digressions inadaptées et de qualificatifs outranciers. En gros: ça va être le fnu.

Les passages en gras sont tirés de dialogues réels...


Photo: une journée à Blankenberg avec les potes. Mais dans 50 ans.

mardi 17 octobre 2006

I don't care if monday's blue.























Never say forever 'cause nothing lasts,
Dancing with the bones of my buried past.

Foo Fighters - D.O.A



Et bien voilà, depuis la dernière bavure de juin, de l'eau a coulé sous les ponts et de la vodka sur mes doigts.

En fait, j'étais dans le coma des transports en commun pour aller en commu ce matin, et je me suis dit "on rigole, on picole, mais ce blog manque cruellement d'articles tristes qui vous foutent le moral par terre dès la première phrase". C'est ça qui brillait par son absence, c'est ça qui caractérisait mon manque d'inspiration de ces derniers mois: le manque de couilles d'écrire un amoncellement de mots dénués de tout humour décalé qui sied si bien à la volonté de se voiler la face, chose que j'apprécie tout particulièrement.


Manque de motivation.


Manque de l'étreinte qui vous enserre les tripes au moment le plus innopportun, celle qui vous souffle "just log on, darling, and write it down!".


Manque cruel de personnalité, surtout. Pas de "je", de tranche de vie, même pas le courage d'afficher ma tronche, alors que l'on est quand même ici pour se rincer l'oeil et se gargariser du mal-être des autres avant tout. Besoin de me prouver un quelconque changement? Perhaps. Perhaps. Perhaps.


Alors j'ai essayé de trouver un sujet triste, un peu comme si Bambi était mort d'une overdose. Pour ce faire, j'ai du plonger dans mon enfance, enfin mon adolescence.
En effet, quoi de plus triste qu'un ado gras, boutonneux et habillé comme une truite? Un ado qui fait du latin.

Il me souvient encore, mes 15 ans allaient bientôt sonner et j'étais penchée sur ma feuille de vocabulaire de type "aqua, aqua", concoctant une énième version peu soucieuse des règles de grammaire sur les aventures de César et de ses tapettes de soldats, savourant un je ne sais quoi parfumé d'insouciance, caractéristique notoire de la préadolescence de base. Pas de problème d'études, de famille, de "est-ce qu'il m'aime vraiment?", de "Fuse ou soirée DVD?", "talons ou baskets?", etc. La bonne vieille époque ou chaque geste, semblant d'implication et d'expression d'opinion personnelle n'entraînait pas un choix cornélien, une peur panique de mal faire, avec l'assurance de forcément se tromper lourdement et de ruiner sa vie, ainsi que ses chances de réussir/aimer/s'assumer/trouver sa voie et j'en passe. Non hein, ces dilemmes qui, on le verra des années plus tard, ne sont que foutaises, sont destinés aux gens qui ont 16 ans. En attendant, nous sommes bien calés dans nos 15 balais et ne pensons strictement à rien...

Un léger sourire éclairait mes lèvres alors qu'aucun murmure ne venait troubler le calme de la classe, pour une fois. Cet abus de bonne humeur totalement innocent et désintéressé n'a eu pour effet que de faire paniquer notre cher professeur, qui s'enquit immédiatement d'une quelconque moquerie de ma part par un "Johanne, pourquoi tu rigoles pour rien?" lancé à la volée, une lueur d'inquiétude au coin des lunettes.


Nous y voilà.


"Pour rien".


Si j'avais connu Manatane à cette époque, j'aurais répondu "JE TE MERDE NICOLAS". Mais en ces temps reculés, mes connaissances en matière de répartie cinglante laissaient fortement à désirer. J'ai donc marmonné un vague "Bah...comme ça", ce qui ne lui a bien entendu pas suffi. Elle aurait sans doute préféré se voir asséner un bon "votre gueule de conne me fout la gerbe, ça doit être votre chignon", car l'ado rebelle est beaucoup plus facilement catégorisable que l'ado rêveur et innocent: la sanction tombe plus vite, le problème s'estompe, une autorité supérieure donne son aval, vite fait et sans bavures. Pas de temps à perdre afin de connaître la raison de quelque chose qui n'en vaut pas la peine.

Le bonheur dérange, et ce pour l'unique raison que tout son poids tient dans sa légerté. Difficile à décrire, impossible à transmettre et à saisir dans son entierté: une absence positive du négatif?

Alors que c'était la vérité, c'est ça le pire : je souriais vraiment pour rien. Et pour personne. Juste par bien-être inconscient. Les années passant, cette théorie de la justification abusive et arbitraire devait faire preuve d'une croissance exponentielle de toute beauté.

Tout a une raison.
Tout doit se justifier.
Tout doit être bien rangé.

L'innocence, l'insouciance, le bien-être. La simplicité ne suffit plus, même le raison du rire doit être tunée et customisée à l'excès afin d'honorer la tendance actuelle qui veut que même le macramé soit cérébral et profondément complexe, histoire de dire que l'on a quelque chose dans le crâne: ce ne sont pas des fils tressés, c'est de l'ART.

La vie ne fait tellement pas de cadeaux qu'un simple sourire suffit à susciter l'émoi de qui n'a rien d'autre à foutre et ne fait nullement l'effort de se pencher sur la nature d'un acte si banal. La différence fait peur et les gens qui font la gueule ont le monopole, car eux ont forcément du plomb dans la cervelle, vu qu'ils sont torturés et tiraillés en tous sens.


Tout ça pour dire qu'aujourd'hui je rigole toujours pour rien. Je souris toute seule en me remémorant des parcelles de bonheur passé, en profitant du présent et je spécule quant à de futures parties de franche rigolade. En toute impunité.
Et ça me réconforte de voir que ça emmerde toujours autant le monde. Au moins une chose qui ne changera jamais et qui me confère un semblant de stabilité...