mercredi 7 juin 2006

Haine, soyons haine.


















J'aime pas qu'on m'appelle "Miss".


Ca déclenche en moi une vague indicible d'animosité qui sera par la suite irréversiblement liée à l'utilisateur de cet embryon de tentative de prise de contact.

Parce que "Miss", c'est le succédané de "je ne te connais pas et je n'ai pas envie de te connaître car j'en ai rien à foutre mais je donne l'illusion de m'intéresser à toi en te donnant un surnom qui n'en est pas un car il est quasi universel". Et oui, car comme l'inconnu fait peur, il est toujours bon de le ranger en catégories et sous-catégories, de préférence pourvues d'étiquettes gentiment agrémentées de préjugés dont voici quelques exemples:

-gentil mais un peu con
-louuuuurd
-n'a pas oublié d'être moche
-vient probablement d'une autre planète
-un peu salope. A creuser.
-...

Afin de pourvoir au désagrément causé par l'apparition d'une nouvelle tête, le sujet aura donc tendance à lui coller une appellation à la con. Pour un premier contact, nous obtenons donc "Miss", à mi-chemin entre "Ma Chérie" et "Hep toi là-bas". Encore que j'aurais préféré la deuxième issue mais bon on ne choisit pas...

Le fait est que même si le dégoût et l'indifférence liés à la nouveauté sont bien présents, ils n'en sont que plus inavouables. En effet, comment asséner un bon gros "TA GUEULE" à quelqu'un que l'on voit pour la première fois, qui ne nous a strictement rien fait mais qui présente comme caractéristique d'être totalement transparent et fade? Et puis, une suite pléthorique de facteurs biaisants sont à prendre en compte et pourraient nous faire regretter d'avoir jugé trop vite un individu:

-son métier
-son physique (à imaginer sans Wonderbra et maquillage)
-son humour
-sa cuisine
-son amour pour les housses poilues de bouteilles de vodka

Bref, tout ce qui ne se voit pas forcément au premier coup d'oeil et qui peut par la suite se révèler d'une importance capitale dans l'élaboration d'une relation stable et saine.
Le principal problème lié à cette situation est qu'il faut être doué d'un minimum de sens de l'observation afin de trouver l'expression adéquate.
Il est en effet beaucoup plus aisé de prendre le premier terme venu que de rechercher un surnom qui ressemble vraiment à la personne. Si l'on y réfléchit ce n'est d'ailleurs pas plus mal, sinon il faudrait se trimballer en permanence avec son quali scout brodé sur son sweat.

Mmm...Oui bon tout compte fait on va garder "Miss" ^^'


Photo: les multiples perpectives d'avenir promises par l'école orange.

samedi 3 juin 2006

100% matière synthétique part II

















Et c'est reparti...On va donner dans le vicieux et la décadence.

Il va s'agir de prouver que les apparences sont souvent trompeuses, et qu'MSN peut briser une vie à tout jamais: sous d'innocents caractères et smileys vigoureux sommeille un boa constrictor. Oui, j'exagère : en gros, c'est juste bien la honte.

Voilà donc encore deux situations affligeantes inspirées de faits divers (non pas forcément vécus, je le répète...) du programme qui nous rapproche des gens tout en nous en éloignant cruellement pour notre plus grande joie.
Alors je vous entends d'ici crier au scandale, mais ne venez pas dire que ça ne vous arrange pas de raconter n'importe quoi en toute impunité face à des cristaux liquides qui en ont vu d'autres (non, pas le Vietnam mais presque) et de ressentir ce délicieux sentiment d'être tenu à une distance plus que respectable de l'individu qui vous aurait importuné dans la vraie vie (IRL pour ceux qui ne suivent pas). Et ne me faites pas croire non plus que vous n'avez jamais profité du compte du pote chez qui vous vous trouviez, afin de déblatérer des insanités à tous ses contacts en vous faisant passer pour lui.

So nice to be somebody else xD




Première situation: le gourrage de fenêtre




*oO°FaiRy°Oo*(<:o)) - kro kro bien hihi!!! dit: et alor la jdi à steph mais alléééé kwa!!

Cédric souhaiterait vous envoyer le fichier suivant "xDogpowrn.mpeg" (17459ko)



Mmmh...La mert'hein? Mais là encore la situation est classique même si désespérante: quand on a 147 contacts dont 18 ouverts chaque soir, faut pas espérer rester intègre trop longtemps.
Une phrase malencontreuse est en effet un accident classique et la plupart du temps rattrapable. Sauf en cas de flagrant délit d'adultère, mais ça c'est une autre histoire.

La situation se complique encore si parmi ces contacts se trouve la moitié de votre famille : le coup de la syllabe "bit" de par exemple "habitude" qui se transforme en un charmant gif animé représentant une fellation (et pas toujours en ombres chinoises) reste une valeur sûre dans le domaine du gourrage de fenêtre. L'excuse du "c'est un pote qui me l'a passé, j'ai pas vraiment vu ce que c'était" reste la seule défense (inutile) possible afin de gagner du temps et de changer de sujet.



Deuxième situation: la double vie



Ou comment transformer une mignonne petite fille qui porte encore ses nattes en une fucking angry biotche qui drague tout ce qui bouge alors qu'elle n'a même pas la permission d'aller chercher le pain toute seule.

Ou comment donner des muscles, une Porsche de fonction et une barbe de trois jours à un adolescent de 14 ans qui n'a pas encore mué.

Parce que comme dirait Mr Manatane : la vie ne fait pas de cadeaux. Et nous on fait avec ce qu'on a : MSN.

En fait, on vit une époque formidable : celle du mensonge, de la subversion, dominée par les relents d'artifices presque crédibles que Photoshop veut bien nous accorder. Il est en effet difficile de reconnaître quelqu'un après l'avoir vu deux fois sur avatar de 6cm², flou et sépia. Tout comme il est quasi inhumain de ne pas fantasmer éperdument sur l'image de celui qui brille par ses dialogues enflammés...et son absence. En effet, n'importe quel signe du destin est bon à prendre afin de juger l'opposant. Citons entre autres:

-"Une phrase = 8 fautes : notre couple ne fonctionnera jamais."
-"Elle part sans dire "bye" : aucune éducation."
-"Elle croit qu'un pgm est un programme. Ca va être dur. Très dur."
-"Il possède le smiley (petittrucrosefluoquisecouedespompons) : c'est l'homme de ma vie."

Cet amas de caractères, autrefois innoncents et désormais d'une importance capitale, devient donc une base saine à la fomentation de complots et trahisons en tous genres.
On peut enfin devenir virtuellement ce que l'on ne sera jamais IRL, que ce soit un beau gosse surdoué en programmation et richissime (oui c'est incompatible dans la majorité des cas) ou une belle plante d'1m75 pour 52 kilos (au civil: 1m67, 78 kilos). Le rêve est enfin à portée de main, si simple, si tentant... La désillusion est donc parfois grande, et les rencontres souvent surprenantes car rares sont les gens possédant irl les mêmes traits de caractère qu'ils présentent online. Après tout je vais vous dire une chose : FFS, all this pain is an illusion, on est là pour déconner et jouer un rôle et s'il faut se démolir pour paraître honnête alors autant arrêter de suite!







Photo: un jour ordinaire dans les toilettes de l'Ephec.

vendredi 2 juin 2006

Let it be...


















Bon. L'heure est grave.

Parce que vous savez comme moi que quand on dit "bon", ça n'augure jamais rien de moelleux.

Par exemple:

"Bon, je dois partir", sur MSN,
"Bon, on va crever", dans la vie de tous les jours,
"Bon, la prof veut que je change la totalité de mon TFE mais elle ne m'a donné aucune consigne parce que la roulette russe c'est tellement plus drôle", à titre d'exemple totalement fictif : tant que je n'aurai pas eu mon diplôme, je ne vendrai pas la mèche.

Il semblerait que la vie ait décidé de prendre un certain tournant.

Durant trois ans nous avons ri. Souvent de nos conneries à deux balles, encore plus souvent de l'absurdité totale de ce qui nous était demandé :
"Vous me faites une présentation professionnelle sur Danone, sans PowerPoint, déguisés et sous forme d'émission télé".
Mais globalement, on a beau dire que ça nous a prodigieusement lourdé de faire des études, on va le regretter.
On va regretter le temps où on pouvait arriver en amphi en machouillant une couque de la cafèt', regretter le temps où on essayait de traduire littéralement l'horoscope flamand pendant les conférences et bien entendu regretter le temps où l'on pouvait discuter de tout et de rien tout en croquant un biscuit durant les interros.

On a donc essayé de reculer les échéances comme on pouvait : "Allez si ça se trouve on va doubler hahaha". Ok, on n'avait pas vraiment envie de doubler, mais ça ne nous effleurait même pas que cette vie de cocagne puisse s'arrêter du jour au lendemain, nous laissant glacés et amers sur le pavé plein de chewing-gums de l'avenue K. Adenauer. Et non ce n'était pas juste pour placer "vie de cocagne".

En fait durant trois ans, on n'a du penser à rien. Et là on se retrouve nus comme au premier jour, proies des entreprises ou des masters de l'Ich*c (vous savez, l'école où on reste debout tant qu'on n'a pas donné la bonne réponse...).
Moi, je dis oui. Temps de prendre ses responsabilités, d'arrêter d'étudier des conneries de définitions (une gommette à celui qui se souvient du marché en backwardation), enfin de vivre nom de dieu!!!

Mais d'un autre côté, rire toute la journée et ne pas se lever "juste parce qu'on n'a pas envie" et oublier qu'on avait cours, c'était plaisant...
Dans moins d'un mois tout le monde va se séparer et vivre sa vie, l'un à l'étranger, les autres en entreprise ou...dans leur chambre. Et on ne se retrouvera pas tous dans 10 ans, c'est juste bon pour les chansons ça.

En trois ans on en aura vécu des trucs, bons ou mauvais. Je n'oublie rien (ni personne, malheureusement ou non) et même si on n'a pas arrêté de se plaindre, en bons étudiants occidentaux et ingrats que nous sommes (cependant, tant qu'on y est, une connexion wifi NON SECURISEE reste un atout majeur de l'enseignement actuel), je sais que je vais regretter ce temps d'insouciance et de légèreté, avec la seule préoccupation de savoir chez quel portugais on ira manger notre sandwich quotidien.

Voilà l'abcès est crevé, ça me torturait l'estomac comme avant un premier rendez-vous donc merci...


Photo: Clément, Nono, Thomas et Baptiste face à la roue du destin Ajax Liquid Action. Baptiste a gagné un cabas rose.